Tout le monde sait confusément que le système de retraite actuel est en danger à moyenne échéance. Pour autant, combien d’entre nous connaissent les impacts financiers sur le maintien de leur train de vie au moment de leur arrêt d’activité ? Il n’y a pas de fatalité : savoir d’où l’on part, où l’on doit aller et se fixer des objectifs quantitatifs constituent les bases d’une bonne planification financière.

 Les débats autour de la récente réforme des retraites se sont focalisés sur l’âge de départ en éludant grandement la question centrale du taux de remplacement, à savoir le ratio entre le premier revenu à la retraite et le dernier revenu d’activité. Pour beaucoup d’actifs et notamment les populations de cadres et chefs d’entreprise, le niveau de revenus baisse fortement au moment de l’arrêt d’activité alors même qu’ils ont par définition plus de temps disponible et donc potentiellement plus d’activités et de loisirs à financer. Il peut donc y avoir un effet ciseau financier difficile à vivre s’il n’a pas été anticipé. Pour préparer cette étape clé de la vie se pose la question de l’organisation de sa liberté financière. Plus globalement et souvent bien avant cet horizon retraite jugé parfois lointain, la question de la liberté financière apparaît pour ceux qui veulent cesser leur activité professionnelle avant l’âge de la retraite, soit parce qu’ils s’ennuient dans leur travail (effet "bore out") ou bien parce qu’ils veulent donner du sens ou de l’impact à leur vie.

Dès lors, il existe deux approches pour assurer sa liberté ou son indépendance financière : la première, portée entre autres par le mouvement FIRE (Financial Independance Retire Early) qui prône la frugalité en réduisant les coûts et donc les besoins financiers ; et la seconde qui consiste à constituer pendant sa vie active un patrimoine productif, financier ou immobilier, qui permettra de financer et/ou compléter le train de vie en l’absence de revenus provenant du travail. Ainsi, dans cette seconde optique qui concerne la majorité des cadres et chefs d’entreprise en activité, se pose la question préalable et cruciale de la quantification du train de vie. 

La question de la liberté financière apparaît pour ceux qui veulent cesser leur activité professionnelle avant l’âge de la retraite

L’exercice semble simple et pourtant la plupart des personnes ont tendance à confondre le minimum vital et le train de vie réel : les dépenses primaires (nourriture, logement, …) sont assez bien appréhendées mais les petits extras du quotidien (restaurants, …) et plus encore les vacances ou les loisirs sont très souvent oubliés dans le calcul. Pour obtenir un résultat au plus proche de la réalité, nous préconisons une approche top/down, afin de reconstituer le compte de résultat du foyer que nous étudions : on somme d’abord les revenus (salaires, rémunération de gérance, dividendes, revenus immobiliers, …) auxquels on retranche les charges facilement identifiables (remboursement de prêts, impôt sur le revenu, taxes immobilières, employé à domicile…) pour obtenir un premier agrégat que l’on appelle le reste à vivre. Ensuite, il ne reste plus que deux destinations possibles pour affecter le reste à vivre : l’épargne ou le train de vie. Dit autrement, tout ce qui n’est pas épargné fait partie intégrante du train de vie. 

Une fois cette première étape franchie se pose la question de l’horizon de temps auquel on souhaite atteindre la liberté ou l’indépendance financière : il s’agit de projeter le train de vie actuel en valeur future. Prenons l’exemple d’un cadre dont le train de vie actuel est de 50k€ par an et qui souhaite arrêter son activité dans 15 ans. En faisant une hypothèse d’inflation à 2 % annuel, le train de vie futur ressort à 67k€ (50k€ indexés à 2 % par an pendant 15 ans).

La dernière étape consiste à déterminer le patrimoine cible pour générer un revenu de 67k€ par an. En faisant l’hypothèse d’un rendement net de charges et d’impôts de 3,0 %, il faudrait disposer d’un patrimoine de rapport d’environ 2,2M€ (67k€ divisé par 3 %). Naturellement il faut adapter cette méthodologie au cas spécifique de chacun. Si l’horizon de temps est borné sur le départ à la retraite (avec différentes options, âge légal, taux plein, cas particuliers, …), il convient d’intégrer le revenu de retraite prévisionnel et calculer le patrimoine productif nécessaire pour créer le complément de revenu ad hoc. Pour que la démarche soit exhaustive, Il y a enfin lieu d’intégrer les objectifs personnels de chacun, tel l’achat d’une résidence secondaire ou bien l’achat d’une résidence principale plus onéreuse (dont le financement viendra diminuer d’autant le patrimoine productif de revenus), ou encore les donations que l’on souhaite consentir aux enfants, …

Une fois ce travail liminaire de quantification établi, la phase de planification financière peut démarrer, afin de définir puis mettre en oeuvre une stratégie patrimoniale qui devra prendre en compte les aspects juridiques, financiers, immobiliers et fiscaux de la personne ou du foyer. Pour cela, nous avons plusieurs outils à disposition, au premier rang desquels l’organisation juridique du patrimoine et notamment les modalités de détention du patrimoine professionnel pour les chefs d’entreprise : interposition d’une holding patrimoniale pour piloter la rémunération, encapsuler les résultats et investir à l’IS. Il faut également porter une attention particulière au management de l’actif pour profiter pleinement des effets positifs des intérêts composés : 35 ans sont nécessaires pour multiplier un capital par deux avec un rendement de 2 % tandis qu’il faut 14 ans avec un rendement de 5 %. Autre axe souvent négligé par les investisseurs, l’optimisation du passif est centrale pour les cadres et chefs d’entreprise disposant d’un horizon de temps long devant eux. En effet, pour celui qui est finançable, l’effet de levier que procure la dette constitue un moyen très efficace de se constituer un patrimoine pendant sa vie active. Enfin, les outils purement retraite comme les contrats Madelin ou le PER individuel peuvent venir compléter les dispositifs d’investissement. Depuis la loi Pacte, leur attractivité s’est renforcée, offrant notamment la possibilité de sortir en capital et plus seulement en rente.

En conclusion, comme le dit l’homme d’affaires et écrivain américain Brian Tracy, "la liberté financière ne survient pas par accident. Elle est le résultat d’une planification délibérée et d’une discipline financière". Avant d’investir au gré des courants et des modes, cela passe par savoir où l’on est, connaître et suivre simplement son budget, savoir le projeter à différents horizons de temps et le traduire en besoins de capital pour le sécuriser, en tenant compte de ses projets et ses envies. 


Sur les auteurs

Xavier Ducourau et Loïc Ronzani ont fondé Magdae en 2006 afin d’apporter de la sécurité, de la sérénité et de la liberté financière à leurs clients. Depuis 18 ans, Magdae et ses équipes accompagnent des cadres dirigeants et chefs d’entreprises sur l’ensemble de leurs problématiques patrimoniales. Xavier a exercé précédemment des fonctions de direction financière au sein de grands groupes internationaux (Sanofi et Vivendi) et de coach de dirigeants (Krauthammer). Loïc a commencé sa carrière chez Mazars où il a été en charge de missions d’audit légal puis chez Ernst & Young au sein du département Transaction Services. Il est l’auteur des ouvrages L’Owner Buy Out : comment racheter sa propre société et Fondations et Optimisations patrimoniales.

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