Aux "puissantes mesures" exigées quelques semaines plus tôt par toute une profession, les seules capables d’endiguer la crise du logement, le Conseil national de la refondation a opposé quelques "mesurettes" à un secteur qui s'estime "méprisé".
"Il n’y a plus de politique du logement"
Lancé par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Olivier Klein, ministre délégué à la Ville et au Logement, le 28 novembre 2022, le Conseil national de la refondation (CNR) a rendu publiques ses propositions, notamment en matière de logement. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles sont jugées insuffisantes. Au micro de France Info et en amont de la révélation des conclusions du CNR, Olivier Klein déclarait : "Il y a un risque de bombe sociale. Ma mission est d'empêcher que cette bombe n'explose." Mais est-ce que tout est fait pour déjouer cette prédiction ?
Attentes
Quelques semaines plus tôt, dans une lettre ouverte au président de la République, la Fédération française du bâtiment, la Fnaim, la Fédération des promoteurs immobiliers, Procivis et l’Unis avaient demandé de puissantes mesures d’urgence face à la crise du logement. Elles n’ont pas été entendues. À l’unisson, les organisations, rejointes par l’Union des architectes, tempêtent : "Les annonces du gouvernement en matière de logement suscitent la colère des professionnels. Deux cents personnes impliquées et sept mois de travail réduits à néant ? Il n’y a plus de politique du logement." Si les objectifs étaient clairs – redonner aux Français le pouvoir d’habiter, réconcilier la France et les Français avec l’acte de construire, repenser la place du logement dans la transition énergétique et écologique, rassurer l’industrie immobilière –, les propositions sont jugées insuffisantes. "Des mesures non chiffrées, ou pas à la hauteur des enjeux, montrent que le secteur n’a été entendu ni sur la crise du logement neuf ni sur les besoins en matière de rénovation énergétique, ni sur la réalité de la crise du marché immobilier vécue par les Français, singulièrement par les jeunes !" s’alarme la profession.
Pas de choc
Les signataires avaient réclamé "un électrochoc" et "des mesures applicables immédiatement et puissantes" pour "éviter que cette crise ne s’accentue encore" et demandé "non plus une énième concertation, mais l’expression d’une volonté présidentielle claire et ambitieuse ainsi que des mesures chiffrées, un calendrier de mise en œuvre rapide et des moyens financiers adaptés aux enjeux". Le gouvernement répond par la suppression du Pinel et la restriction du Prêt à taux zéro (PTZ). Le consortium d’associations de l’immobilier s’indigne : "Sacrifier le seul outil d’accession à la propriété dans le neuf, le PTZ, dans plus de 90% des communes, c’est accroître la fracture entre ceux qui ont les moyens de choisir leur mode d’habitation et ceux qui seront assignés à résidence. Supprimer le Pinel sans alternative, c’est nier le rôle du parc locatif privé pour la mobilité de nombreux Français. Ne rien prévoir en soutien des travaux de rénovation énergétique, après avoir annoncé qu’il faudrait investir 48 milliards d’euros de plus par an pour répondre aux objectifs, c’est aller droit dans le mur." Mais le mur semble toujours en phase de consolidation.
Si le gouvernement s’engage à favoriser l’accession à la propriété ainsi que l’accès à la location, à soutenir la production et la rénovation des logements sociaux, à relancer la production de logements et à amplifier la rénovation énergétique et thermique des logements du parc privé, certaines orientations tiennent plus du vœu pieux que de la garantie. Un peu juste pour rassurer un écosystème aux abois après presque sept mois de concertations.
AC