Alors que le premier gouvernement Borne ne comptait pas de ministre du logement, le remaniement, forcé par des législatives aux résultats mitigés, en soumet un : Olivier Klein. Passé par le Conseil national des villes, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine et la Société du Grand Paris, le maire de Clichy-sous-Bois affiche une expérience bienvenue. Suffisante pour éteindre l’anxiété des professionnels de l’immobilier ?

À l’issue d’élections législatives au terme desquelles chaque parti a annoncé sa victoire, Élisabeth Borne s’est retrouvée contrainte à couper quelques têtes et en promouvoir d’autres. Alors que l’absence de ministère dédié s’était soldée par une levée de boucliers des acteurs de l’immobilier et de la construction, le gouvernement Borne II propulse Olivier Klein comme ministre chargé de la Ville et du Logement.

Déclin brutal

Si l’industrie immobilière appelait à la création d’un ministère de plein exercice en charge du logement, de la ville et de l’aménagement des territoires, le retour d’un ministre délégué demeure une bonne nouvelle. Plus qu’un ministère, c’est une véritable stratégie globale qui fait défaut aujourd’hui. Une stratégie fixant "un cap, une vision, des objectifs et des leviers sur lesquels agir", comme le recommande Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), dans un édito du 24 juin 2022, qu’il prolonge, implorant une vision et des objectifs clairs, seule manière de dépasser "la logique actuelle qui consiste à aborder les questions du logement uniquement sous les angles budgétaire et environnemental". D’autant que la profession s’alarme : fin du premier trimestre 2022, la baisse observée en 2021 par rapport à 2019, s’amplifie. Les ventes totales de logements neufs du premier trimestre, comparées à celles de la même période en 2021, chutent de plus de 20 %. Conséquence des refus de permis toujours plus nombreux et de la hausse des coûts de construction qui impacte l’équilibre financier des opérations, le nombre de logements neufs mis en vente dévisse de 30,5 % par rapport au premier trimestre 2021. Un déclin qui marine depuis plusieurs années et dont la gravité se matérialise, saignante, ces derniers mois.

Clin d’œil à la ville

Sous la tutelle de Christophe Béchu, nommé ministre de la Transition écologique, Olivier Klein aura fort à faire pour relancer la construction de logements en France et apaiser son écosystème. Le nouveau ministre de la Ville et du Logement affiche un CV rassurant. D’abord membre du Parti communiste français, il rejoint le Parti socialiste en 2006 avant d’être nommé maire de Clichy-sous-Bois en 2011, d’accompagner Benoît Hamon en 2017, puis d’annoncer soutenir la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022. N’importe quel observateur aguerri, rompu aux dynamiques politiques françaises, n’y verra là rien de bien insolite. Cette forme de flexibilité idéologique se double d’une polyvalence intellectuelle qui lui offre le poste de vice-président du Conseil national des villes en 2015, instance qui fait profession de guider le gouvernement sur l’élaboration de la politique nationale des villes et du développement social urbain, puis président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine en 2017, et enfin président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris en 2020. Un ministre délégué mais d’expérience. 

Pour répondre à l’ensemble des besoins d’aujourd’hui et de demain, la filière immobilière recommande une approche volontariste combinant trois principes élémentaires : agir à court terme, simplifier à tous les niveaux et adapter les règles existantes avec un objectif d’accélération et de croissance de la rénovation et de la production immobilière. L’appel est lancé et le gouvernement dispose désormais d'un ministère pour le recevoir.

Alban Castres

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