Xavier Huillard reconduit pour 4 ans à la tête de Vinci
Né dans le 15e arrondissement de Paris, ingénieur des ponts et chaussées et ancien élève de l’École polytechnique, Xavier Huillard est l’héritier d’une longue tradition familiale dans le secteur du bâtiment. Son aïeul, architecte de la ville de Paris, fut lauréat du Grand Prix de Rome en 1854. La participation de son père à l’imposant projet de construction de la basilique de Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire, l’amène à passer une partie de sa jeunesse en Afrique. Après avoir travaillé sur le projet de désensablement du Mont-Saint-Michel, il rejoint le groupe Eiffage en 1982. Devenant le dauphin de Jean-François Roverato, alors PDG de l’entreprise. Il passe finalement à la concurrence en 1996, entrant chez Vinci, anciennement SGE, en tant que directeur international au sein d’une filiale du groupe, Sogea.
"J’accuse… !"
Dans une lettre adressée au PDG de Vinci, intitulée "M. Zacharias abuse du groupe", il revient sur la démesure des revenus que ce dernier a tirés de son poste, au détriment de l’entreprise. Il en profite pour accuser Alain Minc de conflit d’intérêts par sa proximité avec François Pinault, qui avait alors quelques vues sur l’entreprise, et pour remettre en question la légitimité d’Alain Dinin, qui serait entré dans le groupe "par effraction". Xavier Huillard marque avec cette action le début de sa présidence à la tête de l’entreprise. Ce style, presque transgressif, deviendra sa marque de fabrique, comme au lendemain de l’arrêt du projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, où il se présente à Bercy afin de percevoir les indemnités prévues dans le contrat passé entre l’État et Vinci. Président-directeur général à partir de mai 2010, il marque ses mandats par une intensification des activités du groupe et une augmentation des profits.
Marquer la construction d’une pierre verte
À l’occasion d’un dispositif prévu par la loi Pacte, le groupe entame sa mutation, en distribuant des actions auprès de son personnel. Conscient du changement de paradigme nécessaire, afin de faire basculer Vinci dans un système plus vertueux, Xavier Huillard présente une "résolution climatique" devant l’assemblée générale en 2021, après avoir refusé l’année précédente que les actionnaires puissent tabler sur les engagements environnementaux de l’entreprise. Sous sa houlette, le groupe multiplie les initiatives pour respecter ces objectifs : l’ambition est d’employer 90 % de béton « bas-carbone » d’ici à la fin de la décennie, et l’aéroport de Lyon – dont Vinci est actionnaire – s’engage à compenser l’ensemble des émissions de carbone à l’horizon 2030. Enfin, le groupe se donne pour mission d’atteindre une réduction de 40 % des émissions de CO2 en 2030, en prenant pour référence l’année 2018.
Or vert
Xavier Huillard se veut le porte-étendard de ce changement, qu’il voit comme une opportunité : "Agir pour le climat est créateur de valeur économique. Il y a des projets qui coûtent de l’argent, il y en a d’autres qui rapportent, mais au global, on est gagnant." Un changement de direction pour l’entreprise qui se ressent dans ses choix stratégiques, comme en atteste le rachat du groupe de construction espagnol ACS, travaillant en partie dans le domaine du solaire et de l’éolien : "Nous pourrons atteindre plus vite la neutralité carbone." Avec un groupe qui affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires supérieur de 4 % à celui du trimestre 2019, Xavier Huillard est à la tête d’une machine bien huilée.
Émile Le Scel