Dracula Technologies : la start-up qui a les dents longues
En commercialisant la première cellule photovoltaïque organique façonnée au monde, Dracula Technologies compte bien transformer le secteur des objets connectés et remettre en cause l’hégémonie de la pile.
Une invention lumineuse
Le principe de Dracula Technologies repose sur Layer®, une technologie imprimée qui génère de l'énergie à partir de la lumière ambiante. Le procédé est basé sur une méthode de fabrication utilisant l’impression numérique. À l’instar d’une imprimante de bureau utilisant de l’encre graphique, les modules Layer® sont imprimés avec de l’encre fonctionnelle, produite par l’entreprise elle-même. Cette dernière se décompose en matériaux conducteurs, sans terres rares ni plomb. Ainsi, les performances des modules sont optimisées en fonction de l’environnement dans lequel le produit est utilisé, que ce soit en intérieur, en extérieur, ou encore dans un environnement mixte. Fonctionnant comme un panneau solaire qui aurait été miniaturisé, le Layer® peut se recharger et fournir de l’énergie à l’objet auquel il est rattaché, y compris dans une pièce à la lumière tamisée.
Autre avantage, et pas des moindres, la technique d’impression utilisée permet de créer des formes spécifiques, notamment sur des supports flexibles. La technologie Layer® réside en la juxtaposition de plusieurs couches, chacune possédant des propriétés physiques spécifiques, qui une fois combinées génèrent de l’énergie grâce à la lumière ambiante. L’ensemble des matériaux est enveloppé dans des films de barrières souples afin de prévenir des rayons ultraviolets, de la pollution ou encore de l’humidité. En plus d’être efficace, la solution s’inscrit dans une démarche écologique : "Toutes les couches du produit sont recyclables, rappelle Rahisse Mamod Ramjy, responsable marketing de l’entreprise, avant d’ajouter qu’un gramme d’encre employé permet de faire un mètre carré de module."
Faire face à la pile
L’entreprise a dès à présent développé un produit dont la taille est optimale pour une utilisation dans le secteur de la domotique et du petit équipement connecté. Dracula Technologie se positionne ainsi sur le marché des objets connectés à basse consommation, avec quatre caractéristiques : usage de l’énergie ambiante ; engagement Greentech en n’employant ni terre rare, ni matériaux lourds ; réduction du coût en énergie sur le long terme avec un accompagnent sur dix ans (là où la pile dépasse rarement trois années), et la personnalisation complète du produit.
Pour Rahisse Mamod Ramjy, l’objectif de l’entreprise est clair : "Concurrencer la pile." Une solution ambitieuse qui a déjà convaincu le partenaire de l’entreprise, Renesas Electronics Corporation, et reconnue pour sa qualité, comme en atteste le label européen Seal of Excellence, obtenu en ce début d’année.
Dynamique radieuse
Depuis sa fondation en 2011, la start-up n’a jamais cessé de faire de la recherche et du développement sa priorité, une dynamique qui explique la réussite de l’entreprise. Après avoir levé 2 millions d’euros en 2016 et basé son activité à Valence – ville connue pour être un pôle fort de la French Tech – Dracula Technologies a réussi une deuxième levée de fonds de 2,4 millions d’euros auprès de MG Digital en 2020, lui permettant ainsi de changer de locaux afin d’employer de nouvelles machines à la production amplifiée. L’entreprise compte à présent 21 employés et affiche sa volonté de renforcer ses effectifs d’au moins six personnes supplémentaires, avec des profils "tech", comme c’est déjà le cas pour 80 % de l’équipe. Dracula Technologies s’intéresse de près à la recherche scientifique, avec quatre docteurs, 64 publications et six brevets dont quatre en cours d’édition. L’entreprise ne compte pas s’arrêter là, l’objectif de l’année 2022 étant la préparation de l’étape d’industrialisation, qui permettra de pousser la production à des centaines de milliers d’unités. À l’heure de la multiplicité des appareils connectés, l’avenir de la solution produite par l’entreprise semble tout tracé.
Émile Le Scel