Transition énergétique : les foncières à la barre
Dans le monde, le secteur du bâtiment (parc existant et construction confondus) consomme 36 % de l’énergie finale consommée, et émet 37 % des émissions mondiales de CO₂. La transition du secteur est donc une nécessité, qui se traduit de plus en plus dans la réglementation : à l'échelle de la France, le décret tertiaire impose des économies d’énergie à une partie du parc existant, et la réglementation environnementale, appliquée dès janvier 2022, imposera des seuils sur tout le cycle de vie des projets en construction. De quoi passer de la bonne volonté aux résultats ? L'étude de Carbon4 Finance détaille le rôle et la responsabilité des foncières dans la transition énergétique.
Gestion durable
Les foncières, en tant que gestionnaires d’un parc mais aussi en tant que promoteur immobilier, ont un rôle majeur à jouer dans cette transition, d’autant que leur poids économique est considérable. Les performances climatiques des foncières en tant que gestionnaires dépendent fortement de ce portefeuille d’actifs immobiliers. En effet, les usages de chaque bâtiment, ainsi que leur localisation, déterminent en grande partie les performances des foncières. Cela ne doit pas pour autant retirer la responsabilité aux gestionnaires, qui peuvent et doivent activer plusieurs leviers pour réduire l’intensité de leur portefeuille.
Promotion responsable
Du côté de leurs activités de promotion immobilière, les foncières ne semblent pas avoir conscience du rôle majeur qu’elles pourraient jouer en tant que maître d’ouvrage. Ainsi, les constructeurs tiennent un rôle sur les trois piliers de la neutralité que constituent les émissions induites (ils peuvent réduire l’impact de leurs constructions en réduisant l’énergie utilisée lors de la construction et en favorisant des matériaux de construction à moindre impact), les émissions évitées (ils peuvent permettre aux usagers des futurs bâtiments d’éviter des émissions, en leurs proposant des bâtiments isolés et efficacement équipés) et les émissions séquestrées (ils peuvent développer les puits de carbone en favorisant les produits bois ou biosourcés et leur recyclage et réemploi, et en évitant l’artificialisation des sols). Une réponse réglementaire en même temps qu'une diminution de l'intensité carbone globale.
En route vers la transition
Le rôle des sociétés foncières, acteurs financiers majeurs de l’écosystème du bâtiment, est donc clef dans la transition énergétique. Leur envergure économique appuie leur valeur de "locomotives de la transition", et accentue leur responsabilité dans la réduction de l'impact du parc immobilier existant et la prévention de celui du parc futur. A l'heure actuelle, peu de foncières mesurent l’importance de leur impact climatique, faisant peser la responsabilité de celui-ci sur les locataires ou les constructeurs. Un constat illustré par une certaine opacité concernant leurs émissions, une prise en compte des seules émissions liées à leurs activités directes, ou encore des stratégies climatiques peu ambitieuses. Or en investissant dans un portefeuille immobilier, les foncières investissent dans un parc consommateur d’énergie, donc dans un parc émetteur de gaz à effet de serre. Elles doivent prendre leur responsabilité d’investisseurs en agissant sur le parc immobilier existant via leurs portefeuilles respectifs et sur le parc immobilier futur en influençant les travaux en tant que promoteur immobilier.
Cette transition, mis à part son caractère indispensable, a pour vertu l'amélioration de la qualité du bâti et, par voie de conséquence, la réduction des consommations énergétiques, donc les factures afférentes. Si les investissements à concéder sont considérables, ils seront bénéfiques aux agents économiques, ménages en tête, tout en constituant une solution clef pour atteindre les objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
AC