Patrick Ollier, le coordinateur
Rares sont ceux qui peuvent se targuer comme Patrick Ollier, de remporter une élection à laquelle ils ne s’étaient pas présentés. Défait aux primaires de son parti face à Vincent Jeanbrun, les tumultes politiques du centre et de la droite le poussent finalement à se proposer comme candidat du rassemblement au second tour : ce "baron" de la droite a opéré un véritable coup de Jarnac.
Cofondateur du mouvement des jeunesses gaullistes, conseiller de nombreux ministres avant de le devenir lui-même, député, maire, "Monsieur Alliot-Marie" est une figure politique incontournable de la droite traditionnelle des cinquante dernières années. Fondateur du groupe d’amitié parlementaire franco-libyen, il servira à plusieurs reprises de représentant de l’Élysée afin d’appuyer les intérêts français sur le continent africain.
L’intérêt de Patrick Ollier pour le projet du Grand Paris est ancien. Chef de file du groupe d’élus de droites appuyant la participation du syndicat d’études Paris Métropole à la mission de préfiguration de la Métropole du Grand Paris, il devient le premier président de l’organisation le 22 janvier 2016, poste où il développe à mesure de ses interventions la vision qu’il porte pour le Paris futur.
Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
"Paris, Rouen, Le Havre ne sont qu’une même ville dont la Seine est la grande rue". Si les mots sont ceux de Napoléon en 1802, Ollier les répète à l’envie pour illustrer son ambition d’un axe Seine, dont le but est de développer le transport fluvial entre les ports de Paris, Rouen et le Havre. Les trois ports, réunis sous l’établissement commun Haropa (Harbour of Paris) depuis le 1er juin 2021, se se trouvent au cinquième rang de l’ensemble portuaire nord-européen. Soutenu par l’urbaniste Antoine Grumbach, le projet cherche à concilier à la fois l’extension de la mégalopole parisienne, le développement industriel de la zone, ainsi que la préservation des espaces protégés.
L’enjeu est à présent pour le Grand Paris de réussir à trouver sa place. Si l’attitude transpartisane gaulliste qui est la sienne lui a permis de se lier aux maires du Havre et de Rouen, le costume du Général semble trop petit pour y loger trois personnes à Paris. Le triumvirat qu’il forme avec Valérie Pécresse et Anne Hidalgo, doit à présent réussir à dépasser les clivages partisans et les intérêts particuliers s’il veut atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.
Les ambitions sont là : Fonds d’investissement métropolitain, Fonds métropolitain d’innovation numérique, Grands projets structurants, dispositif "Centres-villes vivants", ou encore la mise en place d’un Schéma métropolitain de cohérence territoriale (SCoT), dont Patrick Ollier voulait l’intégration dans la loi au niveau national il y a quelques années de cela.
S’il ne cache pas sa volonté de faire du Grand Paris la mégalopole de demain, encore faudrait-il qu’il soit en capacité d’imposer ses vues auprès de ses camarades politiques. Mais aussi, et c’est peut-être là la tâche la plus ardue qui l’attend, de fédérer les citoyens autour de cette toute nouvelle entité politique qui par son gigantisme pourrait vite apparaître aussi froide que technocratique.
Émile Le Scel