Engie a annoncé le 6 novembre être parvenu à un accord pour la cession de sa filiale Equans, au groupe Bouygues pour un montant de 7,1 milliards d’euros. La nouvelle entité issue du rapprochement avec le pôle Energies & Services du géant du BTP permettra de faire émerger un nouveau leader mondial français de la transition énergétique, numérique et industrielle.

C’est un deal historique, la plus importante acquisition de l’histoire de Bouygues, qui devrait redessiner significativement et durablement les activités des deux groupes français. L’opération s’inscrit dans un important programme de cession d’actifs engagé depuis 2020 par l’énergéticien. Et c’est un gros morceau : Equans représente un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards d’euros, une présence dans 17 pays et 74 000 salariés, dont 27 000 France. À elle seule, l’entité était déjà numéro deux mondial des services multi-techniques, rassemblant un large éventail d’activités allant du génie électrique et climatique à la protection incendie, en passant par les télécommunication et l’efficacité énergétique… Le nouvel attelage devrait peser 16 milliards d’euros et compter 96 000 salariés, en faisant de facto le premier métier de Bouygues.

Un deal gagnant-gagnant ?

Du côté d’Engie, on se réjouit de cette vente : "En rejoignant Bouygues, Equans bénéficiera pleinement du dynamisme de ses marchés existants. Je suis très fière de ce qu’Engie a réalisé en quelques mois, grâce à l’engagement extraordinaire des équipes. Il s’agit d’une étape majeure dans la mise en œuvre de notre stratégie visant à simplifier notre groupe et à accélérer nos investissements dans nos métiers clés, notamment dans les énergies renouvelables", a ainsi déclaré Catherine MacGregor, directrice générale du groupe. Tout en allégeant sa dette et en se délestant d’une entreprise qui représentait 40% de ses effectifs. "Nous sommes convaincus que cette étape, positive pour l’ensemble des parties prenantes, crée les conditions d’une croissance de long terme pour Engie", a renchérit Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration du groupe. Du côté de Bouygues, même son de cloche : "La signature d’une promesse d’achat avec Engie pour le rachat d’Equans est une très bonne nouvelle ! Nous allons pouvoir ainsi créer un nouveau leader mondial des services multi-techniques avec un ancrage français. C’est avec enthousiasme que nous accueillerons les 74 000 collaborateurs d’Equans qui rejoindront un groupe reconnu pour ses valeurs humaines fortes et la qualité de son dialogue social", s’est notamment réjouit Martin Bouygues, le PDG du groupe.

Inquiétude sociale

Un enthousiasme pour l’heure accueilli avec modération par les représentants des salariés. Si la CFDT "n’a pas de raison de douter" des engagements de Bouygues, elle souligne que "ce n’est pas si simple d’absorber 70 000 salariés avec une culture d’entreprise différente." La CGT espère, elle, des garanties sociales contraignantes estimant que le rachat devrait entrainer "des doublons sur environ 1 800 salariés." Pas de quoi désarçonner pour autant le groupe BTP qui s’est engagé à ne mettre en œuvre aucun plan de départ contraint et même à créer 10 000 emplois nets dans les cinq ans qui viennent.. L’avenir dira ce qu’il faut penser de ces promesses. Le processus de vente devrait aboutir au deuxième semestre 2022.

Antoine Morlighem

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