Comment le digital peut-il répondre aux enjeux climatiques et, par exemple, participer à la protection de l’eau ? C’est le pari ambitieux du projet mené par Alice Guehennec, DSI du groupe Saur, et doublement élue “ DSI de l’année 2021 ” et “ DSI for Good ” par le magazine IT for Business.

Décideurs. Le magazine IT for Business vous a décerné les prix de "DSI de l’année 2021" et "DSI for good" . Pour quelles missions avez-vous été récompensé ?  

Alice Guehennec. C’est sur un projet d’entreprise pour la protection de l’eau grâce à la transformation digitale que nous avons été primés. En France, un litre d’eau sur cinq est perdu dans la nature au cours de son cycle de traitement et d’approvisionnement. C’est énorme ! Nous avons donc répondu à des questions importantes via le canal digital : Comment faire pour avoir moins d’eau à prélever en amont à la source et pour en perdre le moins possible ? Comment limiter l’impact environnemental lié à son traitement ? Et enfin, comment changer les comportements de consommation ?   

La data a été l’outil de réponse sur ce projet. Ces dernières années, plusieurs capteurs ont été mis en place par la Saur pour surveiller l’eau. L’opération allait au-delà, car l’enjeu était de passer de la surveillance à l’analyse et au prédictif. L’année 2020 a donc été consacrée au développement d’une première plateforme de données, puis d’une plateforme IOT pour communiquer avec nos équipes avant de passer enfin à l’analyse d’algorithmes et de procédés d’intelligence artificielle.   

En croisant les données avec des paramètres précis comme le climat et le nombre d’individus présents sur une zone définie, nous sommes capables d’évaluer les besoins en eau, les ressources disponibles et d’optimiser le réseau. Ces informations permettent aussi d’avertir les consommateurs et d’adapter la consommation au jour le jour, en coupant les arrosages des jardins et des espaces publics si nécessaire, ou encore de détecter une fuite et de résoudre le problème rapidement. C’est la vocation sociétale de ce beau projet qui a valu ces prix à toute notre équipe.  

Avez-vous été accompagné dans ces missions et dans ce cas, par qui ?   

Pour anticiper le projet, nous avons lancé un appel d’offre fin 2019 pour un Build operate transfer (BOT) afin de fournir une usine clef en main. Il a été remporté par la société Capgemini qui nous a accompagnés avec une centaine de développeurs et tout une équipe en mode agile. Les compétences et connaissances de ce professionnel de l’informatique ont permis de mettre la Saur à jour sur les méthodes de travail en mode agile. Le timing était vraiment mauvais, car la mission a commencé quelques semaines seulement avant le premier confinement. Nous avons donc dû nous adapter très rapidement au travail à distance. Tout cela a heureusement été facilité par les équipes de Capgemini avec lesquelles nous avons dématérialisé tous les processus agiles afin de poursuivre le projet. 

La cybersécurité est le grand enjeu de la DSI. Comment s’organise la Saur ?   

Comme beaucoup d’acteurs, nous sommes très souvent attaqués, mais notre structure de défense est organisée pour prévenir, détecter, et corriger les failles de sécurité. La Saur est considérée comme une Organisation d’importance vitale (OIV), car elle ne peut pas cesser de distribuer l’eau ou de traiter les eaux usées. En tant qu’OIV, nous sommes donc soumis à une réglementation particulière, ainsi que nos usines, qui sont sous la loi de programmation dite militaire et donc avec des niveaux de sécurité très élevés.   

"Il est souvent dit que la prochaine guerre sera sûrement digitale et que l’eau est une ressource épuisable capitale."

Il est souvent dit que la prochaine guerre sera sûrement digitale et que l’eau est une ressource épuisable capitale. Nous devons donc nous préparer au pire en permanence et réalisons pour cela des exercices réguliers. Il y a quelques semaines, nous avons fait appel à une société externe afin de ne pas connaître le scénario de la cyberattaque. Cela nous permet de nous tester et de roder nos process de gestion de crise. Malheureusement, la cybersécurité, c’est un peu le jeu du gendarme et du voleur ! L’objectif est d’avoir un système de défense dissuasif qui pousse le pirate à aller ailleurs. La question n’est d’ailleurs pas de savoir s’il y aura une attaque, mais plutôt de savoir quand, pour être prêt à y répondre efficacement.  

Quels sont les projets digitaux à venir pour la Saur ?   

Cette année 2021 est particulièrement chargée avec près de quatre-vingt projets en portefeuille ! Parmi les missions non citées qui ont débuté l’an dernier et que nous poursuivons actuellement, celle des services de coaching consommateur et d’information continue, développés via la nouvelle application et le nouveau portail client. C’est une manière douce de sensibiliser les usagers à la consommation de l’eau. Nos équipes travaillent également à la mise en place d’un logiciel CRM pour suivre la qualité des services rendus aux consommateurs  

Par ailleurs, la Saur vient de conclure un partenariat avec Accenture pour industrialiser la DSI. Nous avons notamment mis en place un service desk avec un call center pour nos utilisateurs internes qui est hébergé chez Accenture, afin d’offrir une qualité de service identique partout sur le territoire ainsi qu’une supervision de nos infrastructures, de nos machines et de nos réseaux 24h/24 et 7 jours sur 7.   

Propos recueillis par Laura Breut  

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