Á l’heure où les prix de l’énergie flambent et pèsent sur la reprise et le budget des entreprises, rencontre avec Nicolas Leclerc, cofondateur d’Omnegy, un cabinet de conseil et de courtage en énergie.

Décideurs. Comment expliquer cette flambée récente des prix de l’énergie ?

Nicolas Leclerc. Nous sommes sortis de l’hiver dernier avec des stocks de gaz relativement bas, ce qui a nécessité de réinjecter pendant l’été. Á cela, ce sont conjugués deux phénomènes : une reprise économique très forte en Asie qui a aspiré une bonne partie du GNL disponible, et une hausse du prix du CO2 qui a rendu le gaz plus compétitif que le charbon pour produire de l’électricité. Tout cela a contribué à tirer les prix vers le haut. Rappelons également que le gaz vendu par Engie dans le cadre des tarifs réglementés de vente est acheté à l’extérieur par le groupe. Cela crée une exposition certaine aux aléas d’un marché déjà structurellement en déficit.

Quelles solutions pour les entreprises et industriels pour se préserver de cette volatilité ?

La clé c’est l’anticipation. Engie achète le gaz chaque mois pour le suivant. Cela a été conçu comme ça. Mais il est possible pour les décideurs de procéder autrement, notamment en achetant en avance, sur des contrats à prix fixe. Cela permet de lisser l’évolution du prix du marché tout en ayant davantage de visibilité. Derrière, il existe toute une série de mesures qui, mises bout à bout, peuvent générer de vraies économies : mise en concurrence des opérateurs, exonération de taxe, optimisation des souscriptions auprès des réseaux en fonction des besoins (puissance ou capacité souscrite), vérifications des factures… Pour être efficaces, elles nécessitent d’avoir une vision globale et proactive de son poste énergie, ce qui n’est malheureusement pas le cas de toutes les entreprises, notamment pour les PME-ETI qui n’ont toujours pas les compétences ou ressources internes pour agir efficacement sur ces leviers. Chez Omnegy, nous sommes là pour les accompagner.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret des économies dont vous avez pu faire bénéficier l’un de vos clients ?

Je pense notamment à l’un de nos très gros clients dans le secteur du rail. Il avait un budget annuel de gaz de l’ordre de 10 millions d’euros, sur la base d’une indexation journalière. En début d’année nous l’avons averti de la flambée prochaine des prix et l’avons incité à acheter en avance. Résultat : on estime que sur les trois prochaines années, nous allons pouvoir lui faire économiser autour de 5 millions d’euros, rien que par ce biais. Si l’on ajoute une meilleure optimisation des taxes de l’ordre de 5%, 5% à 10% d’économies sur un meilleur calibrage des puissances et capacités ou encore 10% grâce à la mise en concurrence des producteurs : on arrive à des économies vraiment substantielles ! Certes tout ne pas être aussi maximisé pour toutes les entreprises, mais cela montre qu’à tout le moins, maîtriser son poste énergie est possible, malgré les aléas du marché.

Comment faire des économies ainsi générées, un levier pour la transition énergétique des entreprises ?

C’est une vraie question. Grâce à la marge de manœuvre récupérée, nous proposons à nos clients de la réinvestir, que ce soit par l’installation d’énergies renouvelables, le financement de travaux de rénovation énergétique, ou le recours à la compensation carbone. Ce dernier point est certes décrié, mais peut avoir un vrai impact positif ailleurs. Le problème est davantage de s’autoproclamer neutre en carbone grâce à ce biais. C’est par cette démarche concrète et pragmatique que nous parviendrons réellement à enclencher un cercle vertueux.

Propos recueillis par Antoine Morlighem

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