Bulldozair a levé 4 M€ pour démocratiser sa solution de collaboration digitale dans le BTP. Ali El Hariri, CEO co-fondateur de la start-up, mesure le chemin parcouru depuis le lancement en 2013 et dévoile ses ambitions.

Décideurs. Quel est le concept de Bulldozair ?

Ali El Hariri. Bulldozair est une plateforme web et mobile de pilotage des projets de construction. Elle permet à toutes les parties prenantes d’un chantier de mieux collaborer et ainsi de respecter les délais de livraison. Concrètement, Bulldozair garantit aux gérants du projet, qu’ils soient maître d’œuvre, entreprise de travaux ou maître d’ouvrage, d’utiliser les versions à jour des documents nécessaires à la conduite du chantier. Cela permet d’économiser les 30 % de surcoût observés à long terme après la phase de construction. Et pour cause : de nombreuses tâches à faibles valeurs ajoutées comme les reportings sont habituellement réalisées par des parties prenantes sur place et au bureau. Pour rassembler, rédiger et diffuser ces contenus, il faut compter en moyenne un jour et demi par semaine et par personne. Avec Bulldozair, les informations sont rentrées en temps réel pendant les réunions, mises en forme automatiquement, centralisées à un seul endroit et font l’objet d’un suivi avec la possibilité d’envoyer des alertes pour ne rien manquer.

Quel bilan tirez-vous après 7 années d’existence ?

Mon père était architecte, je l’ai donc vu faire beaucoup d’allers-retours entre son bureau et les chantiers pour traiter les tâches administratives. De mon côté, j’ai fait une école d’ingénieur dans le secteur du BTP et j’ai ensuite travaillé pendant 8 ans chez Bouygues Construction. J’ai observé les énormes pertes de temps et de productivité induites par les reportings et autres tracasseries administratives. Fort de son constat, nous avons commencé à travailler sur des maquettes avec mon associé Maxence Lérigner, ingénieur logiciel mobile, pour apporter des solutions. Nous avons rapidement trouvé nos premiers clients, un bureau d’études et le groupe Eiffage. Nous avons ainsi commencé notre déploiement en nous orientant sur la phase chantier. Nous avons cherché ensuite à remonter d’un cran chez les donneurs d’ordre et à aller plus en aval chez l’exploitation des ouvrages. Au cours des années, nous avons fréquenté plusieurs incubateurs. Deux nous ont particulièrement marquants : Impulse Partners qui a commencé son activité en nous accompagnant et nous a permis d’avoir nos premiers contacts avec des grands groupe, puis Y Combinator qui nous a permis de développer notre expertise digitale.

Aujourd’hui, nous intervenons sur la gestion des travaux du groupe Carrefour au niveau de plusieurs centaines de sites en France, ce qui représente une dépense annuelle de 520 M€ pour le groupe en 2019 (source Wall Street Journal). Nous sommes également actifs dans le secteur des infrastructures en accompagnant notamment APRR, filiale d’Eiffage qui entretient et gère les autoroutes, et la RATP ; dans le domaine des énergies en venant en appui à des groupes comme EDF, Dalkia, Arkema et Total, et dans l’immobilier en intervenant sur les chantiers de Bouygues Immobilier entre autres. Nous comptons au total une quarantaine de grands groupes dans notre portefeuille de clients mais nous apportons aussi de la valeur aux petits et moyennes maitres d’œuvre et entreprises de travaux qui organisent et réalisent les chantiers. Bulldozair emploie actuellement une vingtaine de collaborateurs.

"Nous allons développer le produit et l’aspect commercial"

Dans quelle mesure la Covid-19 a-t-elle impacté votre activité ?

Nous ciblions le secteur de l’hôtellerie avant la crise sanitaire car il est très consommateur en travaux mais nous nous sommes recentrés sur nos secteurs clés pour accompagner des projets de long terme, notamment dans les infrastructures. A moyen terme, la Covid-19 entraînera une accélération des besoins digitaux dans le pilotage et le suivi des travaux pour des raisons d’efficacité et de budget. Les marges de manœuvre pour gagner en productivité sont immenses. Bulldozair répondra parfaitement à ces attentes. 

Vous venez de boucler une série A à hauteur de 4 M€. Quelle est votre stratégie de développement ?

Nous allons développer le produit et l’aspect commercial. Concernant le premier axe, plusieurs de nos clients nous ont demandés d’aller plus loin dans la gestion des projets. Nous allons donc développer de nouveaux modules tout en cherchant à rendre notre solution encore plus opérationnelle pour les conducteurs de travaux, les techniciens… Nous avons également pour ambition d’interfacer Bulldozair avec l’écosystème de logiciels utilisés par nos clients et de proposer de nouvelles fonctionnalités pour renforcer la sécurité numérique. Concernant le volet commercial, nous espérons multiplier par deux ou trois notre portefeuille de clients dans les 12 prochains mois. Nous ciblons les filiales internationales des grands donneurs d’ordre pour qui nous travaillons déjà en France, les groupes qui ont des profils et des besoins similaires à nos clients, mais aussi les PME et ETI qui participent au pilotage des projets de construction avec une offre dédiée. Pour atteindre nos objectifs, nous comptons doubler nos effectifs dans les douze prochains mois.

Quelles sont vos ambitions à moyen terme ?

Nous voulons être le Salesforce du BTP en proposant toutes les solutions qui répondent aux besoins des acteurs du secteur. Nous commençons à nous déployer à l’international et nous accélérerons probablement le mouvement dans les années à venir.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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