Bpifrance et la Banque des territoires joignent leurs forces avec un plan climat de 40 milliards d’euros. Ce dernier proposera des solutions de financement pour les collectivités locales et les entreprises, tout en agissant et en investissant dans des actifs soutiens de la transition énergétique. Décryptage.

Quarante milliards d’euros : c’est l’enveloppe XXL du plan climat présenté par Bpifrance et la Banque des territoires ce 9 septembre. Inédit de par son ampleur, il fait écho au récent plan "France relance"  du gouvernement et dont la partie consacrée à une relance verte se chiffre à 30 milliards d’euros (sur les 70 milliards d’euros du plan). Organisée autour de trois piliers phares, l’initiative a pour ambition "d’accélérer la transition environnementale des entreprises et des territoires, et de contribuer ainsi à la relance économique". Le plan nourrit de grands espoirs et doit servir de carburant à une relance verte, en développant de nombreuses activités sur le territoire français, parmi lesquelles la mobilité durable, les énergies renouvelables et la décarbonation de l’industrie.  

Accompagner les entreprises et les territoires

Le premier pilier est également celui qui sera le plus doté avec pas moins de 20 milliards d’euros lui étant alloué, soit la moitié de l’enveloppe de départ. Cette partie du plan a pour ambition de contribuer à la décarbonation des secteurs les plus polluants de l’économie, parmi lesquels l’industrie lourde. D’autre part, l’amélioration de "l’empreinte environnementale des bâtiments des entreprises et des collectivités dans les territoires", ainsi qu’une contribution au développement de la mobilité verte seront aussi des enjeux importants de cette première phase. La priorité absolue ? Améliorer l’efficacité thermique des bâtiments. Pour ce faire, 14,9 milliards d’euros seront dirigés à cet effet, avec l’objectif d’améliorer les performances énergétiques de "22 millions de mètres carrés de bâtiments d’entreprises, de collectivités locales ainsi que la rénovation de plus de 500 000 logements sociaux".

Bpifrance et la Banque des territoires joignent également leurs forces dans l’optique de développer la mobilité verte sur le territoire français. L’objectif est très clair : financer 11 000 véhicules "verts" et 50 000 bornes de recharge, pour un montant total d’investissement de 3,5 milliards d’euros. En plus de soutenir la mobilité électrique avec le financement de bornes, la Banque des territoires encouragera financièrement l’avitaillement en biogaz et en hydrogène. L’acteur financier ciblera par ailleurs la mobilité active.

Dernier volet du premier pilier, 1,5 milliard d’euros seront mobilisés "au bénéfice de la décarbonation de plus de 1 300 entreprises industrielles". Bpifrance proposera de son côté le « Prêt vert » à l’industrie, complétant le « Prêt économies d’énergie » de 350 millions d’euros. La Banque des territoires, elle, dirigera 250 millions d’euros de fonds propres vers l’achat d’actifs considérés comme des soutiens de la transition écologique.

Les deux autres piliers : greentechs et EnR

Le deuxième pilier est, quant à lui, centré sur l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, avec pour ligne d’horizon l’émergence de champions nationaux dans ce secteur. Pour se donner les moyens de leurs ambitions, les deux entités à l’initiative du plan consacreront une enveloppe de 14,5 milliards d’euros à cette deuxième phase, avec un objectif de "8,8 GW de puissance installée, en France et à l’export". Cette action en faveur des énergies renouvelables comprendra la structuration des filières de biogaz et de production d’hydrogène vert sur le territoire, épaulée notamment par le ministère de l’Agriculture et l’Agence de la transition écologique (Ademe). Concrètement, Bpifrance dotera son Fonds France investissement énergie environnement (FIEE), dédié aux développeurs d’énergies renouvelables, de 150 millions d’euros supplémentaires. En prime de la seule aide financière, Bpifrance "mettra à disposition des entreprises tous les dispositifs d’accompagnement de Bpifrance, notamment les missions de conseil et la possibilité de rejoindre l’accélérateur TEE, en partenariat avec l’Ademe".

Le troisième et dernier pilier du plan s’intitule "Financer massivement l’innovation dans les « greentechs » et les réseaux durables et résilients pour trouver les solutions technologiques de la TEE". Positionner l’Hexagone parmi les leaders des "greentechs" pourrait nécessiter beaucoup de ressources, malgré un environnement national propice à cette affirmation. Ainsi, le plan prévoit d’accompagner pas moins de 9 000 projets, tout en doublant les aides à l’innovation de Bpifrance qui devraient passer à 300 millions d’euros par an à partir de 2021. Ce plan climat, sortant peu après le plan gouvernemental "France relance", se veut global en agissant sur une multitude de secteurs. Reste à savoir si la répartition de l’enveloppe, largement en faveur du bâtiment, permettra de soutenir efficacement les autres sphères de l’économie. 

Par Thomas Gutperle

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