Trimester horribilis pour le marché locatif des bureaux franciliens
Les chiffres sont tombés et ils ne sont pas bons. Selon le GIE ImmoStat, la demande placée de bureaux en Île-de-France a totalisé 197 500 m² au deuxième trimestre, s'inscrivant en baisse de 65 % par rapport à la même période en 2019. Le marché locatif francilien enregistre ainsi le pire trimestre de son histoire. Le niveau de demande placée entre avril et juin représente un mois d’activité normale, ce qui correspond à la réalité du déconfinement en France.
Conséquence, le take-up du premier semestre se porte à seulement 667 500 m², un niveau historiquement faible et inférieur de 40 % à celui du premier semestre 2019 et à la moyenne de long terme. Ce résultat est d’autant plus mitigé qu’il comprend les 126 000 mètres carrés loués par Total dans l’opération « The Link » livrable par Groupama fin 2025. Tous les segments de surface sont en recul d’une année sur l’autre, dans des proportions relativement similaires allant de -38 % pour les petites et moyennes surfaces à -41 % pour les surfaces intermédiaires. Sur le segment des grandes surfaces (-40 %), le recul aurait été nettement plus marqué (-75 %) sans l’intégration de la transaction Total au 1er trimestre.
L'analyse des professionnels
"Le confinement a marqué un coup d’arrêt aux mouvements des entreprises ; celles qui avaient initié une demande immobilière pour répondre à leur forte croissance ont stoppé leurs projets, tout comme celles qui prévoyaient une extension de proximité, le télétravail ayant pris le relais, commente Marie-Laure Leclercq De Sousa, directrice du département agence de JLL. Il faudra probablement attendre septembre, une fois que les entreprises auront géré leurs sujets RH et organisationnels, pour voir les demandes être réactivées. La question est de savoir si ces projets se transformeront dès le 2nd semestre 2020 ou en 2021."
Éric Siesse, directeur général adjoint en charge du pôle bureaux location Île-de-France de BNP Paribas Real Estate Transaction France, ajoute : "Nous devrions observer une remontée généralisée des taux de vacance mais pas au même rythme. Ainsi, des secteurs comme La Défense ou la 1ère Couronne Nord pourraient enregistrer une hausse plus importante de la vacance compte tenu du nombre important de chantiers en cours de construction. A l’inverse, Paris intramuros conserve toujours aujourd’hui un taux de disponibilité extrêmement faible (2,9 % au 1er juillet 2020), nettement sous sa moyenne décennale."
Le mot de la fin revient à Grégoire de La Ferté, executive director bureaux Île-de-France de CBRE : "Selon l’ampleur et la rapidité de la reprise, le volume de transactions pourrait atteindre entre 1,3 et 1,5 million de m² en 2020, soit près de 1 000 000 m² en moins par rapport à 2019." La possibilité que 2020 soit une année horribilis pour le marché de l’immobilier d’entreprise n’est pas écartée.