Les stratégies immobilières des avocats franciliens au crible
Les cabinets d’avocats ont des territoires géographiques de prédilection bien identifiés en Île-de-France. Selon une étude de Colliers International, ils privilégient d’une part le quartier central des affaires (QCA) et le 7ème arrondissement dans Paris et, d’autre part, le secteur de La Défense et Neuilly/Levallois, notamment au regard des sociétés de conseil et d’audit du big four dont l’activité d’avocat est une composante de leurs métiers de consulting. Cette tendance s’inscrit dans le long terme puisque la majorité des transactions de plus de 5 000 mètres carrés réalisées entre 2003 et 2019 l’ont été à la location (96 %) sur des biens situés dans la capitale, dont une majorité dans le QCA (77 %). Quelques adresses dans le 7ème, le 16ème ou le 17ème en provenance du 8ème arrondissement montrent néanmoins un élargissement relatif du cœur géographique du secteur. En périphérie, la tendance est plus marginale sur des secteurs tels que La Défense ou le Croissant Ouest avec seulement deux transactions supérieures à 10 000 mètres carrés en 2013 : CMS Bureau Francis Lefebvre au 2-8 rue Ancelle à Neuilly-sur-Seine et Fidal dans la tour Prisma à La Défense. La motivation des déménagements oscille pour sa part entre stratégies de transfert (53 %) et de regroupement (47 %). Quant aux critères de choix, trois ressortent clairement.
Les drivers immobiliers des avocats
Le critère financier reste le plus important. L’ensemble des clients de Colliers ont ainsi eu un objectif de pilotage de leurs coûts à l’amorce du projet immobilier. « Cet objectif est notamment lié à la nécessité de répondre à la pression croissante sur les honoraires, mais aussi au besoin d’ajuster le ratio coût / honoraires dans le cadre de benchmark pour les grands cabinets internationaux », selon le conseil. Vient ensuite le critère de l’image. Pour près de 70 % des projets d’avocats pilotés par Colliers International, l’image était un élément fondamental dans le choix du site. En jeu notamment : l'attraction et la rétention des talents dans un secteur fortement concurrentiel ; l’utilisation de l’immeuble comme vecteur de communication sur le positionnement de la marque. Enfin, la localisation rentre sans surprise en ligne de compte. Dans les déménagements récents, certains cabinets ont fait le choix d’une adresse moins prestigieuse tout en restant dans un secteur prime, note l’étude. Une fois l’adresse sécurisée, reste à aménager les espaces tertiaires. Le conseil relève une spécificité en la matière : les projets du secteur des « avocats / notaires » qu’il a menés présentent un ratio parmi les moins denses en termes d’aménagement tertiaires (20,2 mètres carrés/poste). Quand la moyenne des projets tous secteurs d’activités confondus fait ressortir une nette tendance pour des espaces plus collaboratifs, ouverts ou partagés (85 %), le secteur n’affiche que 63 % et montre un attachement aux espaces cloisonnés (37 % pour les espaces individuels contre 15 % en moyenne). "Sans doute pour des raisons de confidentialité", conclut l’étude.