C. Fournage (Firce Capital) : "Nous espérons investir 500 M€ en France dans les deux ans qui viennent"
Décideurs. Quelles sont vos convictions concernant l'évolution des marchés immobiliers français compte tenu de la crise sanitaire ?
Christophe Fournage. En France, Firce Capital investit dans trois classes d’actifs : les logements, les bureaux et les commerces. Dans le résidentiel, nous sommes persuadés que les concepts vont être revus en matière de surfaces développées et d’aménagements proposés. Les particuliers auront à cœur de sélectionner des logements correspondant mieux à leurs besoins dans la crainte d’une nouvelle crise sanitaire.
Sur la partie bureaux, je suis partagé. Certains pensent que le télétravail va massivement se développer. Mais les collaborateurs de nos clients sont heureux de revenir aux bureaux et nous nous sommes aperçus que travailler de chez soi n’offre pas un cadre optimum. Par ailleurs, ce sont surtout des tâches de gestion qui ont été réalisées pendant le confinement à distance au détriment de celles qui permettent le développement de l’entreprise. La conception des bureaux devra tout de même être repensée, notamment au niveau du traitement des flux d’air et du ratio occupant au mètre carré pour éviter la propagation des virus.
Quant au retail, cette classe d’actifs a beaucoup souffert ces dernières semaines. Mais tous les formats ne seront pas logés à la même enseigne. Les centres commerciaux devraient être les grands gagnants de la période post-Covid car ils offriront une sécurité sanitaire plus importante que les petits magasins de centre-ville. L’ensemble du secteur devra néanmoins se réadapter et le modèle de paiement des loyers devra évoluer pour davantage tenir compte des fluctuations du chiffre d’affaires des commerçants.
Dans ces conditions, comment évolue votre thèse d'investissement en France ?
Le Covid-19 et les difficultés économiques que nous rencontrerons au cours des prochains mois vont nous permettre de regarder davantage de dossiers car des acteurs du monde immobilier auront besoin de liquidité et seront vendeurs. Certaines SCPI risquent d’avoir notamment des difficultés de liquidité quand leurs porteurs de parts impactés par la crise économique voudront céder leurs participations. Nous serons présents pour saisir ces opportunités et ainsi nous renforcer dans les bureaux, le logement et les commerces. Nous nous attendons également à voir davantage de dossiers à repositionner.
Comme nous travaillons pour des investisseurs institutionnels et des family offices, nous regardons des dossiers de tailles variées à partir de 50 M€. Nous resterons focalisés sur Paris, Lyon et Marseille car les autres marchés ne sont pas suffisamment profonds et donc plus fragiles en cas de crise économique. Concernant l’effet de levier de la dette, nous privilégions des acquisitions en full equity avant de mettre en place un refinancement une fois l’actif pris en main.
Qu'en est-il des ambitions de Firce Capital en France ?
Firce Capital gère actuellement 1,2 Md€ d’actifs dans l’Hexagone. Plus de la moitié de ce montant est constitué par les commerces, environ un quart par les bureaux et le solde par les logements. Nous n’avons pas conclu de transaction ces derniers mois en France car les taux de rendement étaient trop bas. La crise sanitaire va ramener de la raison dans beaucoup de classes d’actifs. Nous serons en mesure de saisir les opportunités qui se présentent grâce aux mandats déjà ouverts et grâce à notre nouveau fonds immobilier qui comportera un compartiment dédié à l’Europe. Nous visons une collecte de 200 M€ et commenceront à le déployer au quatrième trimestre 2020. Dans ces conditions, nous espérons investir 500 M€ en France dans les deux ans qui viennent.
Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)