Quelles seront les conséquences géopolitiques de la transition énergétique à l’échelle du globe ? Quels pays tireront leur épingle du jeu ? Quel avenir pour les exportateurs de pétrole ? Des questions auxquelles tentent les travaux menés par l’Iris et Ifpen.

L’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et IFP Energies nouvelles (IFPEN) ont publié les travaux conduits dans le cadre du projet Generate (Géopolitique des énergies renouvelables et analyse prospective de la transition énergétique) portant sur l’évolution de la géopolitique de l’énergie dans le contexte de la transition énergétique bas-carbone.  Ceux-ci en avant trois axes majeurs de la transition énergétique qui seraient, selon eux, susceptibles d’impacter les enjeux géopolitiques mondiaux :  la criticité des matériaux des technologies bas-carbone, la nouvelle géographie de la propriété intellectuelle des technologies bas-carbone, et l’évolution des modèles de développement et de diversification des pays producteurs d’hydrocarbures

Cobalt et le cuivre : criticité haute

Sur le premier point, l’étude a reconstitué les chaînes de valeur des matériaux essentiels à la transition énergétique, à savoir le cobalt, le cuivre, le lithium, le nickel, ainsi que les terres rares. Le rapport estime que près de 90 % des ressources connues de cobalt et de cuivre pourraient être utilisées à l’horizon 2050, en faisant les deux matériaux les plus critiques. Ainsi, certains pays producteurs ou spécialisés dans le raffinage des métaux, tels que le Chili, la Chine, l’Australie ou la Russie, « pourraient occuper une place stratégique sur les marchés mondiaux à l’horizon 2050 ». Moins critique, le lithium inquiète également de par la concentration de ses réserves et le faible nombre d’entreprises le contrôlant. L’étude met également l’accent sur « l’importance des ressources en eau », liées à une consommation dans la production de ces matériaux, allant jusqu’à émettre l’hypothèse que « cette contrainte environnementale pourrait limiter la dynamique de transition énergétique ».

L’Asie, futur leader des EnR

En matière d’innovation, les auteurs ont analysé les bases internationales de brevets entre 2002 et 2014. Il en ressort que la politique de prix pratiquée par les pays producteurs d’hydrocarbures aurait une « influence déterminante sur la dynamique de transition énergétique » et que ces pays doivent donc être inclus la négociation climatique afin « qu’un prix du pétrole excessivement bas ne vienne pas fragiliser les décisions prises dans le cadre des accords internationaux ». Il apparaît également que « l’innovation dans le secteur des énergies renouvelables est largement tirée par l’Asie » qui représente aujourd’hui près de 52 % des brevets, dont 29 % sont pour la seule Chine et que le leadership technologique actuellement détenu par les Etats-Unis, le Japon et l’Europe risque d’être « largement concurrencé dans les années à venir »

Grands pays exportateurs : un besoin de diversification

Les auteurs ont enfin questionné la pérennité des modèles économiques des 25 pays dont les recettes budgétaires dépendent à plus de 40 % des exportations de pétrole et gaz. Ils pensent ainsi que les grands pays exportateurs (pays du Golfe, Russie) « pourraient tirer profit de la transition énergétique s’ils prennent, dès à présent, des orientations stratégiques majeures de diversification de leurs économies ». D’autres pays, principalement situé en Afrique sub-saharienne, seraient quant à eux plus vulnérables face à un ralentissement de la demande en hydrocarbures.

Boris Beltran

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