Commerce : une reprise, deux lectures
Tous les acteurs du commerce ne voient pas la reprise de la même façon. Pour la quatrième semaine de réouverture après la fin du confinement, l’indice national Quantaflow/CNCC (Conseil national des centres commerciaux) relève une fréquentation de 79 % par rapport à la même période de l’année dernière d’après, soit une hausse de près de 10 % par rapport à la troisième semaine. Chez Unibail-Rodamco-Westfield, la fréquentation des centres commerciaux en France ayant rouvert le 11 mai a atteint début juin plus de 60 % du niveau de l’an dernier, et jusqu’à 90 % à Rennes Alma. Dans les centres de région parisienne, qui ont seulement rouvert le 29 ou le 30 mai, la fréquentation du samedi (30 mai) a été jugée encourageante par la foncière, à 65 % des niveaux de 2019.
Le Procos se montre beaucoup moins enthousiaste. La fédération pour la promotion du commerce spécialisé a observé une fréquentation des magasins qui se situe entre -30 et -40 % de la fréquentation habituelle. "Les secteurs réalisant une bonne activité profitent d’une clientèle qui se déplace avec pour objectif d’acheter et les paniers moyens sont bons, selon la fédération. De plus, la reprise a profité d’une météo favorable." Les différences d’appréciation se retrouvent également au niveau des retombées financières de la réouverture.
Un avenir qui reste incertain
Pour les enseignes Procos (50 enseignes interrogées sur leur performance dans 50 pôles de références situés dans 15 agglomérations), le chiffre d’affaires des magasins à surface égale a connu une reprise variable selon les activités. Les magasins de certains secteurs ont connu une réouverture assez dynamique, tels que l’équipement de la maison, le sport, la jardinerie, le jouet, le textile enfant et la coiffure. D’autres secteurs ont continué à réaliser des chiffres d’affaires très négatifs au regard de la même période l’an passé. C’est le cas pour la bijouterie, la parfumerie, le textile homme et femme, le cadeau et l’alimentaire spécialisé, par exemple. Au global, durant cette période de réouverture en mai, l’évolution cumulée des chiffres d’affaires des magasins ouverts est positive à +6 %. Par contre, lorsque les chiffres des magasins fermés sont intégrés dans le calcul, l’évolution globale des chiffres d’affaires reste négative à -4,5 %.
Le CNCC fait état pour sa part d’informations communiquées par ses enseignes adhérentes qui montrent de bons taux de transformation avec des paniers moyens élevés. "Dans ces conditions et si cette évolution se confirme, on peut espérer pour la rentrée un retour à des niveaux d’activités proches de ceux de l’année 2019", se projette Gontran Thüring, délégué général du CNCC. "On constate malheureusement que le chemin vers un retour à une situation rassurante est encore très long, analyse pour sa part le Procos. Le risque provient principalement de la faiblesse de la fréquentation des points de vente, une situation qui n’est pas toujours perceptible dans la mesure où les conséquences des mesures de distanciation (files d’attente...) laissent penser que la fréquentation de certains magasins est forte."
Cette différence de perception entre le CNCC et le Procos est loin d’être anodine : les valeurs locatives étant en partie déterminées en fonction du taux de fréquentation et du chiffre d’affaires, la question de leur évolution va se poser dans les prochaines semaines et ouvrir un nouveau front dans le conflit entre bailleurs et enseignes autour des loyers.