C. Colson-Lafon (Steam’O) : "Nous préparons le déconfinement en suivant trois axes de réflexion"
Décideurs. Quel est l'impact à date de la crise sanitaire et du confinement sur votre activité ?
Corinne Colson-Lafon. Cette crise nous touche de plein fouet. Certains de nos collaborateurs ont contracté le Covid-19, d’autres ont perdu des proches à cause du virus. En parallèle, environ 70 % des sites de nos clients ont été fermés, que ce soit dans le tertiaire, le retail, les data centers, la logistique et l’industriel. En conséquence, 70 % de nos collaborateurs se retrouvent à l’arrêt. Nous avons eu recours au chômage partiel suivant les profils de nos 300 salariés. Concernant les sites que sont restés ouverts, tous fonctionnent à marche très réduite. L’activité et les process de nos clients sont maintenues mais ces derniers ont massivement recours au télétravail. Certains envisagent de rester dans cette configuration au moins jusqu’en septembre.
La solidarité est le leitmotiv des professionnels de l'immobilier depuis le début du confinement. Comment cela se matérialise-t-il au sein de votre activité ?
La solidarité repose sur quatre piliers indissociables dans une approche éthique. Le premier concerne nos collaborateurs. Nous leurs avons demandé, par le biais des voies formelles, de se mettre en chômage partiel et de prendre des congés. Vient ensuite l’Etat qui a mis en place des mesures pour assurer la pérennité de l’entreprise. Nos clients constituent le troisième pilier de la solidarité. Ils ne doivent pas réduire totalement à zéro la facturation en raison de la baisse d’activité. Des discussions positives sont en cours sur ces sujets. Enfin, Steam’O, en tant qu’employeur et prestataire doit également faire des efforts pour soutenir ses collaborateurs et ses clients. Notre rentabilité s’en trouve profondément mise à mal.
Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement français dans cette situation de crise sanitaire ?
L’Etat a mis en place un certain nombre de mesures, ce qui est positif. Mais la mise en application doit suivre. Les reports de taxes, de cotisations sociales et la validation des demandes de chômage partiel ont été rapides. Nous attendons maintenant que les autres mesures soient déployées. Nous avons également besoin le plus rapidement possible d’avis clairs sur les obligations de port du masque et les réouvertures des sites et magasins. Nous pourrons ensuite établir un guide de préconisations à destination des professionnels du facility management à l’image de ce qui a été fait dans le secteur du BTP. C’est un élément indispensable pour rassurer nos collaborateurs et répondre aux interrogations de nos clients.
Comment préparez-vous le déconfinement ?
Nous le préparons en suivant trois axes de réflexion. Pour commencer, nous avons revu le socle de notre plan de continuité d’activité et l’avons diffusé aux clients pour leur expliquer comment nous allons fonctionner. Ensuite, nous devons le personnaliser et l’inscrire dans le plan de reprise d’activité de chacun. C’est un travail de dentelle. Dans un troisième temps, nous devrons faire preuve de flexibilité et de pragmatisme en prenant des décisions rapides et évolutives. Le plan de continuité d’activité de Steam’O qui a été adapté au plan de reprise d’activité de chaque client et diffusé à tous le 27 avril devra peut-être être retravaillé dans les prochaines 72h.
Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait faire évoluer à moyen terme votre stratégie et les grands principes de fonctionnement du secteur immobilier selon vous ?
Le temps qu’un traitement efficace soit trouvé pour lutter contre le virus, un accent très fort sera mis sur le télétravail. Nos clients vont donc repenser l’organisation de leurs immeubles et les besoins vont évoluer en quantité et en profondeur. Les métiers du facility management sont la deuxième ligne indispensable au bon fonctionnement des immeubles, et celle-ci redevient visible, comme cela a été le cas pour les personnels soignants. J’espère que cette situation permettra de revaloriser durablement notre profession.
Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)