Plusieurs pays dont la France utilisent les établissements hôteliers pour soulager les hôpitaux et réduire le risque de transmission intra-domiciliaire. Décideurs décrypte les ressorts de cette mobilisation inédite.

Après les palaces et les boutiques hôtels, le monde découvre depuis quelques semaines les "Covid hotels". Ces établissements vides accueillent des patients atteints de formes simples ou modérées du virus, ou convalescents. L’objectif est double : soulager les hôpitaux et réduire le risque de transmission intra-domiciliaire qui contribuerait à l’entretien de l’épidémie. En France, l’Académie nationale de médecine a recommandé début avril la mise à disposition d’établissements hôteliers (ou autres lieux de résidence assimilés) aux Agences régionales de santé pour accueillir, jusqu’à la guérison clinique et la négativation des tests de détection virale, les patients sur la base du volontariat. Une idée reprise depuis par le gouvernement.

Les hôtels au cœur du dispositif post-confinement

"Si vous êtes porteurs du virus, vous aurez le choix entre un confinement à domicile qui fera peser sur vous et sur l’ensemble de ceux qui vivent avec vous des obligations strictes, ou vous déciderez de vous confiner dans un lieu qui n’est pas votre domicile, a expliqué le Premier Ministre Edouard Philippe au moment de détailler les principes de la vie post-confinement. Les hôtels seront sollicités pour accueillir un certain nombre de patients avec un suivi médical et des règles de fonctionnement. Dans ce cas de figure, vous passerez une durée déterminée dans cet hôtel pour éviter de contaminer autres personnes. Vous pourrez reprendre une vie normale après un examen médical final."

Concomitamment, la Ville de Paris a lancé avec l’APHP et le groupe hôtelier Accor le projet Covisan. Dans le cadre de ce dispositif mobilisant des moyens humains pour détecter des foyers de contaminations et dépister de manière systématique les personnes potentiellement atteintes afin de casser les chaînes de transmission, des chambres d’hôtel sont proposées aux personnes contagieuses qui n’ont pas besoin d’être hospitalisées mais ne peuvent s’isoler efficacement dans leur logement. "Porte de la Chapelle, un Ibis a ainsi commencé à rendre opérationnel le dispositif qui sera élargi plus largement en Ile-de-France puis sur tous les territoires en fonction de la demande et des besoins des institutions sanitaires, explique Franck Gervais, directeur général Europe du groupe Accor. Ce dispositif a également été mis en place en Espagne ou encore en Belgique." La France est en effet loin d’être la première à avoir opté pour les Covid hotels.

Une mesure utilisée dans les principaux foyers de la pandémie

A Wuhan, épicentre de l’épidémie, des hôtels ont été réquisitionnés pour mettre fin aux contaminations familiales comme le rapporte Le Monde dans un article de mars. Un dispositif également utilisé à New-York au plus fort de la crise sanitaire.  

L’Italie et l’Espagne, deux pays qui ont payé un lourd tribut à la pandémie, ont eux-aussi utilisé les hôtels à grande échelle pour soulager leurs hôpitaux. Le correspondant des Echos à Rome a ainsi indiqué début avril que les autorités du pays ont mobilisé pour deux mois renouvelables des structures hôtelières afin d’isoler des malades ou des personnes testées positives au virus : "Les Covid Hotel se sont multipliés de la Lombardie à la Sicile et très prochainement en Sardaigne, permettant de dégager 2 000 lits." En Espagne, l’AFP recensait au même moment 704 patients dans onze établissements à Madrid et 2 500 lits mis à disposition par les hôteliers à Barcelone.

Quand l’heure du bilan sonnera, les hôtels pourraient bien occuper dans l’imaginaire collectif mondial une place similaire à celle des taxis de la Marne pour les Français.

Par François Perrigault (@fperrigault)

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