Pétrole à moins de zéro dollar : comment est-ce possible ?
Le 20 avril 2020 a vu les marchés pétroliers afficher une situation inédite dans l'histoire : l'espace de quelques heures, le baril de WTI (brut côté à la bourse de New York) s'est échangé à un prix négatif sur les marchés à terme, atteignant un point bas de - 38,94 dollars. Il s'agit de la plus forte baisse en séance jamais enregistrée par Bloomberg dont les données remontent à 1983.
Comment une situation est-elle possible ? En effet, si le cours du pétrole subit actuellement de plein fouet un ralentissement considérable de la demande dû à la crise du Covid-19 associé à la guerre des cours que se mènent les principaux producteur mondiaux que l'accord inédit de l'Opep+ a à peine réussi à juguler, il est cependant insensé d'imaginer un baril de pétrole s'échanger à un prix négatif. Cette situation inédite concerne les contrats à terme pour une livraison au mois de mai et expirant ce 21 avril au soir. Outre-Atlantique, la chute de la consommation a causé un engorgement des infrastructures de stockage, au point qu'il devient aujourd'hui quasi-impossible, ou en tout cas extrêmement coûteux de stocker du brut : même les tankers sont aujourd'hui utilisés comme cuves. Les détenteurs de ces contrats, incapables de prendre livraisons de barils supplémentaires, ont ainsi préféré liquider massivement ces contrats à n'importe quel prix, quitte à payer l'acheteur.
Dès le lendemain, le cours du WTI s'est de nouveau stabilisé dans des territoires positifs, aux alentours de 20 dollars le baril pour une livraison en juin, tandis que le brent s'est établi quelques dollars plus haut. Cependant, la même situation risque de se représenter en fin de mois, alors que la consommation de pétrole dans le monde aurait chuté de 20 millions de barils par jour (soit près de 20 %) et que les augmentations de stocks stratégiques annoncées par certains Etats sont loin d'être suffisantes pour couvrir le surplus d'offre.
B. B.