G. Pellegrin (Newton Offices) : "Nous avons généralisé le report des loyers à tous nos clients"
Décideurs. La solidarité est le leitmotiv des professionnels de la fabrique de la ville depuis le début du confinement. Comment cela se matérialise-t-il chez Newton Offices ?
Guillaume Pellegrin. Newton Offices a la particularité d’être propriétaire de ses murs en plus d’être un opérateur de coworking. Nous avons donc des charges fixes liées aux bâtiments, qui s’ajoutent aux salaires de nos collaborateurs, et des financements hypothécaires à régler. Sur nos sites existants, nous avons trouvé un accord avec notre partenaire la Caisse d’Epargne pour suspendre le remboursement de nos lignes de crédit pendant la crise sanitaire. Et nous sommes en discussion avec nos autres financeurs pour les sites en développement. Cette action est importante car nous avons pris la décision, dès le début du confinement, de reporter les loyers de nos clients pour le mois d’avril, que ce soit des PME/TPE ou des grands groupes. Nous avons également laissé nos sites ouverts pour les acteurs qui ont leurs bureaux chez nous et qui ne peuvent pas télé-travailler de chez eux. Nous nous sommes organisés pour les garder accessibles sans que nos équipes n’aient à être sur place. Nos collaborateurs sont tous en télé-travail et nous sommes en pleine réflexion sur l’utilisation des outils de chômage partiel.
Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement dans cette situation de crise sanitaire ?
L’annonce du report des loyers pour les petites entreprises en difficulté par le gouvernement a pu créer de l’incompréhension chez certains. Chez Newton Offices, nous avons pris les devants en généralisant cette mesure à tous nos clients dans un souci de solidarité. De manière générale, nous sommes au milieu de la tempête. Ce n’est donc pas le moment de créer des polémiques, car nous avons tous besoin d’être solidaires, d’autant plus que le monde économique n’a jamais eu autant besoin du politique et inversement. Nous débrieferons l’action du gouvernement une fois que la crise aura été réglée.
Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait faire évoluer à moyen terme votre stratégie et les grands principes de fonctionnement du secteur immobilier ?
L’expérience de télé-travail forcée que nous vivons depuis une quinzaine de jours est intéressante. Elle amène des réflexions sur le vivre ensemble et le plaisir de travailler collectivement. Tout le monde se rend compte qu’il a besoin de passer du temps avec les autres. D’un autre côté, il est crucial d’avoir des espaces de respiration quand nous travaillons à la maison. Nous avions bien identifié ces tendances chez Newton Offices et nos espaces ont été conçus pour répondre à ces besoins, avec une grande part de bureaux privatifs et des espaces de convivialité pensés pour que les gens se croisent et puissent échanger. A moyen terme, c’est toute l’organisation de la ville entre espaces privatifs et espaces publics qui évoluera selon moi.
Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)