La veille urbaine du 20 mars 2020
Les actualités liées au coronavirus
Le gouvernement joue la carte du dialogue social avec le monde du bâtiment
Les principales fédérations de bailleurs et la Caisse des dépôts appellent leurs adhérents à suspendre les loyers des TPE et des PME
Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, a réuni à l’occasion d’une conférence téléphonique les principales fédérations de bailleurs commerciaux (FSIF, Aspim, UNPI, CNCC et AFG) et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour évoquer la mise en œuvre des suspensions de loyers pour les petites entreprises en difficulté. Les principales fédérations de bailleurs et la Caisse des dépôts et consignations ont appelé leurs adhérents à suspendre les loyers des TPE et des PME qui sont contraintes de fermer en application de l’arrêté du 15 mars 2020, et à leur proposer des échéanciers de remboursement sans pénalités, adaptés à leur situation une fois que l’activité aura repris. Ils ont également recommandé à leurs adhérents d’étudier « avec bienveillance » les demandes de suspension de loyers qui seraient faites par les autres entreprises touchées par la crise. « Le geste de solidarité des bailleurs commerciaux envers les locataires est exemplaire, précise Bruno Le Maire. Je les remercie de leur solidarité. En suspendant les loyers et en proposant des échéanciers de remboursement adaptés, ils soulagent la trésorerie des petites entreprises. C’est vital pour elles aujourd’hui et demain, pour les aider à redémarrer une fois que cette crise sans précédent sera passée. »
Prologis quantifie les effets du coronavirus sur l’immobilier logistique
À la suite de l'épidémie de coronavirus aux États-Unis et en Europe, l'activité économique est au point mort sur les marchés les plus durement touchés. La demande de biens immobiliers logistiques sera touchée selon un rapport de Prologis, bien que l’ampleur du ralentissement reste inconnue. Dans l'ensemble, l'activité de location est demeurée constante en février et au début de mars, même si l'épidémie s'est répandue. Sur le terrain, Prologis note une activité de la part de ceux qui répondent aux besoins quotidiens essentiels (via le commerce électronique et le réapprovisionnement rapide des magasins). La santé (équipements médicaux, fournitures, produits pharmaceutiques) pourrait voir plus d'activité. « Cette croissance devrait permettre de compenser les coups durs subis par les clients des secteurs de l'événementiel / du voyage / de l'hôtellerie et de l'automobile », indique Prologis. Concernant les développements, les promoteurs ont commencé à retarder les lancements et le financement des projets décline. La tendance est plus prononcée pour les projets en blanc que pour les clés-en-main. De plus, les travaux sur les projets déjà en cours dans les zones où les épidémies sont les plus graves ont ralenti, notamment en raison des restrictions de travail. Certaines de ces tendances peuvent être observées dans les volumes de mars et du T12020. Mais l’impact sera plus prononcé sur les volumes de mises en chantier en avril et au-delà. Au cours du dernier cycle, les livraisons ont diminué d'environ 50 % en un ou deux trimestres et de plus de 90 % en quatre trimestres environ.
L’impact de long terme du coronavirus pour l’immobilier reste incertain selon AEW
Pour étudier les répercussions possibles de l’épidémie de coronavirus et de la guerre des prix du pétrole sur le marché immobilier, AEW a comparé les corrections précédentes des marchés boursiers et des taux obligataires avec l’évolution, pour l’immobilier d’entreprise, des valeurs locatives, des volumes investis et des valeurs vénales prime. Les loyers de marché ont baissé lors des épisodes de décompression des taux de rendement des obligations d’entreprise, « mais les investisseurs devraient être protégés de ces fluctuations à court terme par les baux en cours, les besoins en surfaces des utilisateurs et par la qualité de la signature des locataires », selon l’analyse. Historiquement, il existe une forte corrélation sur le long terme entre les mouvements du marché boursier et les volumes investis en immobilier d’entreprise, avec un décalage dans le temps. « A court terme, l’activité sur le marché investissement va temporairement baisser du fait des contraintes pratiques associées au confinement (visite d’actifs notamment) », anticipe AEW. Les valeurs vénales prime évoluent également en lien étroit avec les marchés financiers sur le long terme, même si généralement avec un décalage temporel. « Cela signifie que si les marchés boursiers restent à leur niveau actuel, nous pourrions nous attendre à une baisse des prix immobiliers, mais à un rythme beaucoup plus lent et dans une mesure sans doute plus faible que pour les actions », suggère l’étude. Et de conclure : « Les répercussions sur le long terme pour l’immobilier restent donc incertaines car nous ne savons pas encore combien de temps cette crise sanitaire mondiale va durer. De nombreux responsables politiques continuent d’annoncer de nouvelles mesures fiscales et monétaires, ainsi que des garanties temporaires de prêts et des exemptions fiscales pour limiter l’impact de cette crise à la fois pour les consommateurs, les entreprises et les banques ».
Primonial REIM distingue différents impacts du coronavirus suivant les activités et adopte une approche différenciée avec ses locataires
Dans l’attente des précisions du gouvernement sur les modalités d’application et la prise en charge de la suspension des factures d’eau, de gaz ou d’électricité ainsi que les loyers pour les petites entreprises en difficulté, la société indique que « la capacité des gérants à traiter avec discernement les sujets locatifs, et la solidité du dispositif gouvernemental, sont les facteurs clefs ». Elle distingue les activités « cycliques » dont le chiffre d’affaires est fortement variable (commerces jugés « non indispensables », hôtellerie de tourisme et hôtellerie d’affaires) et qui subissent le choc de plein fouet. Les bureaux et locaux d’activités loués aux PME sont également rangés dans cette catégorie par Primonial REIM. Cette dernière rassemble dans un deuxième ensemble les activités peu cycliques dont le chiffre d’affaires est plus récurrent (bureaux core, immobilier de santé). Selon le gérant, elles subiront un choc opérationnel plutôt que financier. « Loués à des grandes entreprises ou des grands opérateurs, ces biens ne devraient pas voir leurs performances remises en cause au niveau de leur capacité à délivrer un revenu récurrent », souligne Daniel While, directeur recherche & stratégie. Viennent enfin les activités acycliques, au premier rang duquel l’immobilier résidentiel, qui n’est pour l’instant pas concerné par les mesures de suspension des loyers et dont les facteurs d’évolution (métropolisation, rareté de l’offre, décohabitation) restent d’actualité selon Primonial REIM... « à condition de financements maintenus ». La note ajoute : « Il n’a pas été constaté de flux sortants importants sur les fonds immobiliers, ni de mouvements de retrait d’argent massifs par la population, comme cela avait été le cas en septembre 2008. Il semble donc que le marché s’en tienne aujourd’hui à l’hypothèse d’une crise circonscrite dans le temps ». Dans ces conditions, Primonial REIM adopte une approche différenciée pour accompagner ses locataires dans cette période. Pour les activités administrativement fermées, cela se traduit par une mensualisation des loyers et des délais de paiements aménagés. Pour les TPE en difficulté, un accompagnement au cas par cas a été décidé. Enfin, pour les cas individuels d’actifs touchés par des réquisitions (cliniques, santé) dans le cadre de la lutte contre la pandémie, Primonial REIM inique qu’elle fera preuve « de la solidarité qui s’impose. »
Galimmo SCA applique les recommandations du CNCC
A la suite des arrêtés ministériels des 14 et 15 mars 2020 procédant à la fermeture des activités non indispensables jusqu’au 15 avril 2020, et du décret du 16 mars 2020 portant réglementation des déplacements dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, les magasins des centres commerciaux de Galimmo SCA, filiale française de Galimmo Real Estate, sont fermés au public, sauf ceux exemptés par lesdits arrêtés. Galimmo SCA applique les recommandations émises par le CNCC : les loyers et charges sont mensualisés et la mise en recouvrement des loyers et des charges du mois d’avril est suspendue. « Galimmo SCA entend « s’attacher à poursuivre le déploiement de son plan d’investissement et de sa politique de gestion dynamique de ses centres commerciaux destinés à en renforcer l’attractivité, ajoute le communiqué de presse. Toutefois, compte tenu du contexte actuel, la société attend que la situation confère une meilleure visibilité sur ses projets pour en mettre à jour les plannings, en particulier pour ce qui concerne le projet d’extension de Shop’in Pacé à proximité de Rennes et celui d’Ermont en Île-de-France. »
La Banque des Territoires active des mesures exceptionnelles pour les professions juridiques et les organismes de logement social
Afin d’anticiper les difficultés économiques engendrées par la crise sanitaire actuelle, la Banque des Territoires déploie un plan d’urgence à destination de ses clients. Dès aujourd’hui, elle met en place trois mesures exceptionnelles à destination des professions juridiques et des organismes de logement social. Elle en annoncera d’autres la semaine prochaine pour l’ensemble de ses clientèles (dont collectivités, entreprises publiques locales, acteurs de l’Economie sociale et solidaire (ESS), entreprises…). Pour les professions juridiques, notamment les notaires, elle met en place une enveloppe de trésorerie exceptionnelle de 500 M€. Pour les organismes de logement social, la Banque des Territoires facilite l’accès à la ligne de trésorerie de 2 Mds€ conçue en 2018 pour soutenir les bailleurs sociaux dans l’éventualité de tensions financières et va déployer « massivement » les services digitaux pour fluidifier les demandes, versements et signatures de prêts.
Face à la baisse de la consommation électrique, la CRE supprime l'effacement tarifaire
(©Philippe Turpin)
La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a demandé à RTE de « ne plus "tirer" aucun jour rouge pour l’application du tarif Tempo, sur la période qui s’achève au 31/03/2020 ». Les jours rouges qui seraient déterminés par l’algorithme de sélection des jours Tempo d’ici à la fin de la période seront transformés en jour blanc. De même, la CRE demande à EDF de ne tirer aucun jour de pointe mobile dans le cadre de l’application du tarif EJP sur la même période s’achevant au 31/03/2020. Le gendarme de l'énergie a justifié cela « en raison des circonstances exceptionnelles dues à la crise sanitaire actuelle », la consommation d’électricité ayant fortement baissé. Dans ces circonstances, « le recours aux effacements tarifaires pour limiter les pointes de consommation apparaît désormais peu utile et pourrait, au surplus, entraîner une augmentation des factures des consommateurs concernés. »
Le reste de l'actualité
L’ILC, l’ILAT et l’ICC en progression au T4 2019
Au quatrième trimestre 2019, l’indice des loyers commerciaux (ILC) s’établit à 116,16 selon l’Insee. Sur un an, il augmente de 1,84 % (après +1,9 % au trimestre précédent). L'indice des loyers des activités tertiaires (ILAT) s'établit pour sa part à 115,43. Sur un an, il augmente de 1,88 %, après +1,87 % au trimestre précédent. Quant à l’indice du coût de la construction (ICC), il s’établit à 1 769 au quatrième trimestre 2019. Il augmente de 3,88 % sur un an (après +0,75 % au trimestre précédent).
Artea acquiert deux surfaces foncières
Artea a signé l’acquisition de deux parcelles de terrain à Aix-Fuveau qui permettront à terme la construction de quatre bâtiments pour une superficie cumulée de 15 000 m²de bureaux. Un permis de construire a déjà été obtenu et des discussions sont en cours pour la vente et la location en état futur d’achèvement de quatre bâtiments qui devraient être livrés d’ici fin 2021. Actuellement, un contrat de réservation en vue de la cession d’un bâtiment et un bail sécurisent plus de 7 000 m². A Sophia-Antipolis, une autre acquisition a été réalisée. Elle concerne trois bâtiments pour une surface globale de 2 000 m², actuellement loués jusqu’au 1er semestre 2021. Cette période sera mise à profit par Artea pour déposer un nouveau permis de construire afin de déployer un programme de bureaux neuf « à très haut standard ».
Casino en passe de céder 576 magasins Leader Price et 3 entrepôts à Aldi France pour 735 M€
(©Wikipedia / Groupe Casino [CC BY-SA 3.0])
Le groupe Casino a annoncé la signature avec Aldi France d’une promesse unilatérale d’achat en vue de la cession de 3 entrepôts et de 567 magasins du périmètre Leader Price en France métropolitaine, pour une valeur d’entreprise de 735 M€ (incluant un complément de prix de 35 M€, versé en cas de respect d’indicateurs opérationnels durant une période de transition). Avec cet accord, les magasins Leader Price transférés se développeront sous l’enseigne Aldi. Le groupe Casino restera propriétaire de la marque Leader Price pour continuer à l’exploiter selon certaines conditions convenues avec Aldi, en France et à l’international. La réalisation de cette cession interviendra après la consultation des instances représentatives du personnel et sous réserve de l’obtention de l’autorisation de l’Autorité de la concurrence.
Allianz Real Estate refinance deux actifs parisiens à hauteur de 400 M€
Allianz Real Estate a accordé deux prêts à Paris dans le cadre d'une opération de refinancement unique de 400 M€ portant sur deux actifs : Avant Seine, situé sur le marché des bureaux de Paris Rive Gauche ; et Hoche, situé dans le quartier central des affaires. Ensemble, les deux actifs développent près de 53 000 m² de bureaux. Ces deux opérations de refinancement ont été réalisées avec un fonds conseillé par JP Morgan Asset Management (JPMAM).
Olivier Salleron élu président de la FFB
(©David Morganti)
Olivier Salleron a été élu président de la Fédération française du bâtiment au cours du conseil d’administration du vendredi 20 mars 2020. Sa prise de fonction interviendra le vendredi 12 juin 2020, à l’issue du prochain conseil d’administration de la FFB. Il succèdera à Jacques Chanut, Président depuis 2014. Âgé de 52 ans, Olivier Salleron est président de l’entreprise de chauffage, climatisation, plomberie Salleron SAS à Périgueux. Il est actuellement vice-président et président de la commission sociale de la FFB, ainsi que président de la fédération régionale Nouvelle Aquitaine.
Total s'offre Global Wind Power France
(©D.R)
Le groupe pétrolier, via sa filiale à 100 %, Total Quadran, dédiée au développement et à la production d'énergie renouvelable en France, acquiert 100 % de la société Global Wind Power (GWP) France qui détient un portefeuille de plus de 1 000 mégawatts (MW) de projets éoliens terrestres dont 250 MW seront mis en service à l’horizon 2025. « Après Vents d’Oc en 2019, cette nouvelle acquisition démontre la volonté de Total de se développer sur l’ensemble des énergies renouvelables et de contribuer aux ambitions de la France en matière de transition énergétique. Elle renforce la position de Total Quadran qui dispose actuellement d’une capacité installée et opérée de près de 1000 MW dont plus de 500 MW d’éolien terrestre et a l’ambition d’être un des principaux acteurs du renouvelable en France », a déclaré Philippe Sauquet, directeur général gaz renewables & power de Total.
Par François Perrigault (@fperrigault) et Boris Beltran (@bobobeltran)