Perspectives positives pour le marché immobilier en 2020-2021
« Il n’y a plus de cycle de bureaux depuis 2015 en raison des politiques monétaires accommodantes. » Ce constat a été dressé par Pierre Schoeffler, senior advisor de l’IEIF, à l’occasion de la matinée prospective de l’institut. Et la tendance devrait se poursuivre selon lui : « Il faudra réenclencher un cycle naturel quand les politiques accommodantes des banques centrales se relâcheront, mais cela ne devrait pas arriver avant cinq ans au minimum. » Autre impact attendu de la situation monétaire, l’appétit des investisseurs pour l’immobilier devrait rester fort en raison de la prime de risque. « L’allocation des investisseurs institutionnels dans ce secteur représente actuellement 4 % de leur bilan. Il devrait remonter dans les prochaines années et pourrait même dépasser les 10 % dans dix ans », avance Pierre Schoeffler. Une hypothèse corroborée par Béatrice Guedj, senior advisor de l’IEF et head of research & innovation chez Swiss Life Asset Managers France : « Les compagnies d’assurances suisses évoluent dans un univers de taux négatif depuis 2015 et ont investi massivement dans des actifs générant des cash-flows dans le temps. Elles ont une exposition immobilière qui tourne autour de 20 %. »
Présent à la matinée et interrogé sur sa stratégie pour les mois à venir, Sébastien Pezet, directeur général Europe de l’Ouest chez Generali Real Estate, explique : « Notre stratégie est plutôt basée le moyen-long terme. Nous continuons à investir dans les bureaux car cette classe d’actifs reste la plus liquide. Nous ciblons une quinzaine de villes à l’échelle européenne, dont Paris et Lyon. Nous restons également présents sur le secteur de la logistique, notamment en réalisant des développements qui nous permettent d’aller chercher 100 à 200 points de base supplémentaires par rapport au taux de rendement prime. Enfin, nous regardons le high street retail dans des rues prime. » « Nous restons en veille sur le commerce en cherchant de belles opportunités à saisir », rebondit Isabelle Rossignol, directrice générale déléguée d’AEW Ciloger. Un des axes forts de la stratégie d’investissement de la société de gestion semble toutefois être la diversification : « Depuis plusieurs années, nous nous sommes donnés de la souplesse. Nous avons internationalisé nos SCPI, ciblons les résidences services seniors et l’hôtellerie à la montagne par exemple. »
Union Investment Real Estate a également décidé de sortir de sa zone de confort en Europe. Historiquement investi dans les bureaux, l’acteur allemand a intégré d’autres classes d’actifs dans son scope. « Nous prenons position dans l’hôtellerie qui offre de la résilience avec des baux longs, souhaitons doubler notre exposition à la logistique qui s’élève actuellement à 1 Md€, et nous nous préparons à investir dans le logement après avoir levé 600 M€ dans ce but, détaille Tania Bontemps, présidente d’Union Investment Real Estate France. Nous avons également créé des fonds dédiés aux résidences étudiantes et aux résidences services seniors. Et pour aller chercher de la valeur, nous sommes prêts à regarder des projets. » Un positionnement également adopté par Icade dans les bureaux. « Nous privilégions la fabrique des actifs et bénéficions pour ce faire de nos réserves foncières, notamment celles récupérées lors de la fusion-acquisition avec ANF Immobilier, déroule Olivier Wigniolle, directeur général d’Icade. Notre thèse d’investissement couvre Paris mais aussi les cinq principales métropoles régionales. » La foncière a décidé en parallèle de partir à l’international sur la santé. « Nous aimons beaucoup cette classe d’actifs mais le volume de transactions réalisé chaque année en France est limité. Nous avons donc élargi notre champ d’investissement à d’autres marchés. »
L’année 2020 se présente donc sous de bons auspices pour le marché immobilier et ses acteurs.