Tout ça pour ça ? Observateurs comme parties prenantes, tout le monde semble consterné par la COP25. Retour sur deux semaines de négociations climato-diplomatiques infructueuses.

Déception, échec et même désastre… Aucun qualificatif ne paraît trop dur pour dresser le bilan de la COP25, qui s’est achevée le 15 décembre dernier à Madrid. Déplacée in extremis dans la capitale espagnole, la grand-messe, qui devait initialement se dérouler au Chili, avait pourtant débuté dans la pure tradition de ce rendez-vous annuel : ambitieux discours de diplomates, manifestations citoyennes pour le climat et discours moralisateur de Greta Thunberg. Si Madrid devait servir de répétition générale avant l’entrée en vigueur, l’an prochain, de l’Accord de Paris sur le climat, les parties en présence auront finalement réussi à ne s’accorder sur quasiment rien. Le fiasco est total.

Positions figées

"Les principaux acteurs dont on espérait des avancées n’ont pas répondu aux attentes." Le constat dressé par l’économiste Laurence Tubiana est implacable. L’architecte de l’Accord de Paris vise directement les États-Unis, lesquels en sortiront dans moins d’un an, mais aussi le Japon, l’Australie, l’Arabie saoudite ainsi que les Brics… En somme les plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre. Sur les 197 pays présents, seuls 80, représentant à peine 10 % des émissions en question, ont promis de rehausser leurs ambitions climatiques. La Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil se sont de leur côté fendus d’un communiqué commun soulignant que "les lacunes d’avant 2020 doivent être évaluées et comblées, sans transférer aucune charge aux pays en développement".

Entre anciens et nouveaux pollueurs, le torchon brûle.

Entre anciens et nouveaux pollueurs. le torchon brûle toujours et bien malin qui trouvera comment éteindre l’incendie. Tous doivent pourtant livrer dès l’année prochaine de nouveaux engagements volontaires de réduction des gaz à effet de serre afin de contenir le réchauffement climatique à deux degrés et, si possible,1,5 degré. Un objectif qui relève davantage de l’utopie après chaque COP.

Toujours rien sur le carbone

Comme il y a un an à Katowice, l’enjeu principal de cette 25e Conférence des parties portait sur les négociations relatives aux règles de fonctionnement des futurs marchés du carbone, définis dans l’article 6 de l’Accord de Paris sur le climat, conclu il y a tout juste quatre ans. Les deux semaines de négociations madrilènes ont trébuché sur les mêmes obstacles qu’en Pologne. D’abord sur la question du comptage. En effet, le protocole de Kyoto (1997) a créé un marché d’émission de CO2 permettant aux États les moins pollueurs de revendre leurs quotas aux gros émetteurs. ­Cependant, plusieurs pays (Chine, Brésil, Inde et Arabie saoudite) souhaitent que la tonne de carbone soit comptabilisée à la fois par le pays acheteur et par le pays vendeur, un tour de passe-passe conduisant à des réductions de CO2 plus importantes sur le papier qu’en réalité. La seconde pierre d’achoppement concerne le reliquat des ­crédits carbone issus du mécanisme de Kyoto, détenus à 60 % par la Chine, l’Inde et le Brésil, qui ne veulent pas les perdre.

L’Europe, nouveau gendarme vert de la planète ?

S’il est une chose qui semble avoir émergé de ce marasme et contenté les observateurs, c’est le rôle de la diplomatie européenne, avec l’annonce collective,à l’exception de la Pologne, de son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. On se gardera cependant de tresser des couronnes de laurier avant de constater les mesures concrètes nécessaires à l’accomplissement de ces objectifs. Tout ce beau monde a de nouveau rendez-vous en décembre 2020, cette fois à Glasgow, pour tenter de rectifier le tir... La conclusion ressemble furieusement à celle de l’année dernière.

Boris Beltran

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