Cinq ans après le lancement de Réinventer Paris, l’heure est venue de tirer un premier bilan des appels à projets urbains innovants qui ont rythmé la vie de nos métropoles depuis. Décryptage.

Qui a dit que les collectivités locales ne savaient pas innover ? Les appels à projets urbains innovants (APUI) prouvent le contraire. Initié par la Ville de Paris en novembre 2014 à travers « Réinventer Paris », le concept a, depuis, été repris par d’autres collectivités locales avec Inventons la Métropole du Grand Paris, Imagine Angers, Dessine-moi Toulouse, Réinventer Le Havre…  « Le process permet une liberté de création, même s’il convient de bien encadrer la démarche dès le départ, analyse Mathieu Descout, directeur général de Novaxia Développement. Autre enseignement, notre métier a été révolutionné par les APUI car nous ne sommes plus dans des schémas où le maître d’ouvrage tout-puissant dicte le projet aux parties prenantes mais bel et bien dans la coconstruction. » Ces points positifs ont même poussé le privé à s’emparer de la démarche, Poste Immo en tête.

« Une partie de notre patrimoine ne répond plus aux besoins du groupe La Poste, explique Camille Gehin, directrice de la direction des projets de la foncière du groupe La Poste. En parallèle, de plus en plus de territoires engagent des projets de restructuration urbaines dans des quartiers où notre patrimoine est situé. Ces deux tendances se rejoignent autour des appels à projets innovants. » Poste Immo a testé son approche à Rennes sur le palais du Commerce. Un concours remporté par Frey, associé à Engie Avenue. Elle a ensuite répliqué la démarche à Cergy-Pontoise (ndlr : concours remporté par Quadral Promotion) et Grenoble. « À chaque fois, nous avons associé les collectivités dès le lancement de la démarche, précise Camille Gehin. Le reste du processus est identique à celui mené dans la sphère publique pour faire émerger des propositions innovantes. Mais nous n’avons pas vocation à recourir aux appels à projets urbains innovants de façon systématique. Seuls les projets qui s’inscrivent dans un territoire où une requalification urbaine est menée et qui présentent une complexité rendant un portage classique difficile sont éligibles. »

Chez SNCF Immobilier, entité chargée de la gestion et de la valorisation du patrimoine foncier et immobilier du groupe ferroviaire qui a proposé plusieurs sites dans des APUI en Île-de-France, le bilan est également positif. « Au départ, nous avons participé dans le cadre de nos relations partenariales avec la Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris, détaille Benoît Quignon, directeur général. Puis nous nous sommes pris au jeu car la démarche est assez puissante. Nous avons eu des offres intéressantes sur plusieurs sites qui nous permettront de débloquer des dossiers encalminés depuis plusieurs années. Ces APUI renouvellent totalement l’approche privé-public en matière d’urbanisme. » Et Mathieu Descout d’ajouter : « Une grande partie des innovations qui irriguent aujourd’hui le secteur immobilier ont été déployées initialement dans les appels à projets urbains innovants. »

L’Institut Paris Région (anciennement l'Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France) liste néanmoins quelques risques potentiels liés à ce concept. Dans une étude publiée en octobre 2018, il interroge la prise en compte du tissu urbain et des cadres existants, le statut des équipements d’intérêt collectif détenus et gérés par le privé, la place de la participation citoyenne ou encore les outils pour une approche stratégique des territoires. Si le bilan initial des APUI est indéniablement positif, ce sont les retours d’expérience des premiers programmes issus de cette démarche qui permettront de tirer des conclusions définitives.

Par François Perrigault (@fperrigault)

Cet article est extrait du guide acteurs publics qui sera disponible en janvier 2020.

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