M. Aulagnon (FSIF) : "Les sociétés immobilières cotées pèsent plus dans l’économie française que le secteur de la construction a
Décideurs. Quel est le poids des SIIC aujourd’hui dans l’économie française ?
Maryse Aulagnon. La dernière étude Les Sociétés immobilières cotées, partenaires des villes réalisée par PwC, montre que les SIIC totalisent 100 milliards d’euros d’actifs, détiennent 20 millions de mètres carrés sur tout le territoire et ont prévu d’investir 13,5 milliards d’euros d’ici 2022 et que leur capitalisation boursière sur la place de Paris atteint 70 milliards d’euros. Ces chiffres méconnus mettent en lumière le poids de plus en plus important de notre secteur. Nous pesons autant que celui de l’énergie et même plus que celui de la construction automobile. Autre enseignement, les sociétés immobilières cotées interviennent dans toutes les composantes de la ville, et toutes les classes d’actifs. Si les bureaux et les commerces demeurent majoritaires (70 %), l’étude souligne qu’elles développent des immeubles mixtes (combinant commerces, logements, bureaux, hôtels, etc.), des infrastructures de santé ou la rénovation de gares, ainsi que de nouveaux types d’actifs hybrides (coworking, co-living…). Enfin, elles sont présentes partout en France. Selon les chiffres compilés par PwC, 40 % de leur patrimoine se situent désormais en régions, ce qui en fait des partenaires privilégiés des collectivités locales dans leurs opérations de développement et d’urbanisme.
Quelle est votre feuille de route ?
J’ai été élue sur un projet comportant trois grands axes s’inscrivant dans la poursuite des actions entreprises par mes prédécesseurs. Ma première mission consiste à faire reconnaître notre secteur comme une véritable industrie. Pour ce faire, nous renforçons nos liens avec les pouvoirs publics et souhaitons être force de réflexion et de propositions sur les sujets pour lesquels nous avons une expertise à la FSIF et en coopération avec nos membres au sein des groupes de travail et commissions. Et ils sont nombreux ! Autre axe important de mon mandat : renouer le dialogue avec les autres fédérations et organismes qui réfléchissent sur le devenir du secteur immobilier, en particulier l’Association française de la gestion financière (AFG), l'Association française des sociétés de placement immobilier (ASPIM), le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), la Fédération française de l’assurance. Nous avons les mêmes sujets d’intérêt et notre démarche est très souvent la même ; mais nos propositions se neutralisent quand nous avons des approches divergentes sur certains dossiers. Il est donc primordial de se coordonner pour élaborer des solutions communes. Enfin, nous devons contribuer à l’évolution du cadre législatif et réglementaire applicable à nos activités pour tenir compte des nouveaux usages et modes de vie, et permettre aux investisseurs d’analyser les projets dans un cadre stabilisé. Par exemple, le décret de 1953 sur les baux, qui a déjà été amendé, doit évoluer pour traiter la question du coworking.
Quelles sont les ambitions de la FSIF à moyen terme ?
Je compte mettre en œuvre ce programme dans les trois prochaines années avec l’équipe de la FSIF qui est de grande qualité, autour de notre nouvelle déléguée générale, Delphine Charles-Péronne, une grande professionnelle du travail associatif. Nous souhaitons également nous ouvrir encore davantage aux sociétés immobilières non cotées car elles ont les mêmes intérêts que les SIIC à défendre. Enfin, la FSIF doit contribuer à la diffusion de l’innovation en donnant de l’audience aux PropTech, en les aidant à trouver des investisseurs, des clients… Ce sera un travail de long terme qui permettra de préparer l’avenir.
Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)
Cette interview est extraite du guide immobilier 2019 de Décideurs