Les parties prenantes d’EuropaCity (re)montent au front pour défendre le projet
Une nouvelle bataille a commencé dans le dossier EuropaCity. « Alors que nous avions reçu deux bonnes nouvelles cet été avec l’annulation du jugement qui revenait sur la création de la ZAC du Triangle de Gonesse et avec le début des travaux de la ligne 17 du Grand Paris Express qui desservira notre territoire, nous devons à nouveau nous mobiliser », regrette Jean-Pierre Blazy, maire socialiste de Gonesse. Arnaud Bazin, sénateur (Les Républicains) du Val d’Oise, ajoute : « A chaque changement de ministre, des éléments du projet du Triangle de Gonesse* sont remis en question et nous devons recommencer à argumenter. Nous n’en pouvons plus de ces comportements, l’Etat doit enfin tenir les promesses faites à notre territoire ! » Son collègue Sébastien Meurant (Les Républicains) va même jusqu’à évoquer « un comportement criminel » en cas de retrait du soutien de l’Etat à EuropaCity. Et Marie-Christine Cavecchi, présidente (Les Républicains) du conseil départemental du Val d’Oise, de mettre en garde : « Si le projet finissait par être abandonné, la révolte fiscale des habitants du département serait terrible car ils auraient acquitté des taxes sans rien en percevoir en retour ! »
Les différents intervenants ont notamment répondu aux critiques émises par les opposants à EuropaCity sur le volet écologique. « Quand nous avons commencé à travailler sur le projet avec Ceetrus (ndlr : groupe affilié à Auchan qui a initié EuropaCity et le porte désormais avec le groupe chinois Wanda à travers la société Alliages & Territoires), 400 hectares de terres agricoles ont été sanctuarisés d’un seul tenant, renforçant ainsi la pérennisation durable de l’agriculture autour du projet du Triangle, rappelle Patrick Renaud, président (Les Républicains) de la communauté d’agglomération Roissy Pays-de-France. Nous nous sommes de plus engagé dans une charte agricole qui vient conforter l’activité agricole du territoire sauvegarder sur 30 ans 16 568 hectares répartis sur le Val d’Oise et la partie seine-et-marnaise du territoire. » De nouveaux engagements ont également été annoncés par Benoît Chang, directeur général d’EuropaCity : « Le projet sera zéro carbone dès 2027. Cette neutralité carbone sera mesurée par un bilan dès la phase chantier, certifié par un organisme indépendant. Nous créerons aussi de la biodiversité avec un programme de plantation de 4 000 arbres et l’introduction de plusieurs espèces sauvages sur le site. Concernant l’artificialisation des sols, nous la compenserons en recréant 80 hectares d’espaces naturels et agricoles. Les terrains potentiels sont actuellement en cours d’identification. Enfin EuropaCity sera totalement approvisionné par des énergies renouvelables et sera développé dans la logique d’économie circulaire avec une certification Cradle to Cradle ».
En parallèle, le projet se veut inclusif. Outre la création en mai dernier d’une structure pour organiser la montée en compétences de la population locale en partenariat avec les acteurs de la formation et de l’emploi du territoire, Europacity s’engage financièrement et en apportant ses compétences dans le plan « Action Cœur de Ville » de Gonesse pour garantir la complémentarité des offres commerciales. La programmation a également été revue. La piste de ski est ainsi définitivement annulée et un musée sera créé avec une institution publique française. Surtout, les surfaces commerciales ne représenteront plus que 10 à 15 % du projet au profit d’un renforcement des espaces dédiés aux loisirs et à la culture. « Et il n’y aura pas d’hypermarché », précise Benoît Chang.
Une réduction qui n’est pas sans faire penser à la demande de Jean-Louis Missika (adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme) et Alexandra Cordebard (maire du 10e arrondissement) cette semaine dans une tribune publiée par Le Monde à propos du projet de Ceetrus pour la gare du Nord. « Ce sont deux dossiers avec des enjeux, des territoires et une temporalité totalement différente, argue Benoît Chang. Ils ne sont pas liés. » David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity, ajoute néanmoins : « Le seul dénominateur commun entre ces deux projets est Ceetrus. Donc la question que l’on peut se poser légitimement aujourd’hui est la suivante : quels sont les acteurs économiques en Île-de-France qui ont intérêt à garder un pré-carré et empêcher toute innovation sur ce territoire ? Ces entités, proches de décideurs politiques, sont pour la plupart cotées en bourse et n’ont pas la même rentabilité du capital qu’un investisseur appartenant à des associés familiaux. Nous les dérangeons manifestement. » Et Patrick Renaud de rebondir : « J’ai du mal à comprendre pourquoi Unibail-Rodamco Westfield combat ce projet alors que j’ai soutenu le groupe pour le développement du centre commercial Aéroville à Roissy-en-France. C’est facile de s’opposer à d’autres développements au nom de la concurrence mais EuropaCity est un bon projet ! »
Malgré ces différents vents contraires auxquels Ceetrus et son partenaire chinois doivent faire face, les deux actionnaires restent confiants selon Benoît Chang : « Wanda a découvert le fonctionnement de la France. Mais le groupe fait confiance à Ceetrus et se montrent patient. Quant aux évolutions du projet, elles préservent le modèle économique du projet. » Reste désormais à connaître quel sera l’avis rendu par Elisabeth Borne, nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire, sur EuropaCity. Il devrait être rendu dans quelques jours.
Par François Perrigault (@fperrigault)
* Le schéma directeur de la Région Île-de-France adopté en 2013 prévoit un carré agricole de 400 hectares de terres sanctuarisées au nord du Triangle de Gonesse et au sud 300 hectares de zone aménageables. EuropaCity représente 80 hectares au sein de cet ensemble de 300 hectares. La création de la zone d’aménagement concertée a été validée par la cour administrative d’appel de Versailles le juillet 2019. Elle prévoit une gare de métro de la ligne 17 du Grand Paris Express.