Pierre-François Thaler (EcoVadis) : "Nous sommes sur un marché de niche à forte croissance"
Décideurs. En quoi consiste l’activité de votre entreprise ? Comment est née l’idée ?
Pierre-François Thaler. EcoVadis propose un service d’évaluation complet de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous donnons des informations fiables aux dirigeants qui font appel à nous, ce qui permet de favoriser la durabilité dans les chaînes d’approvisionnement.
La société a été lancée en 2007 avec mon associé Frédéric Trinel. À cette époque, la problématique des achats responsables commençait à poindre dans les entreprises et l’audit des fournisseurs devenait une préoccupation majeure. Un marché commençait à naître, nous avons foncé sur l’opportunité.
EcoVadis emploie près de 600 collaborateurs dans le monde dont 80 à Paris. Nous venons également de nous implanter au Japon et en Australie. L’entreprise est donc internationale, emploie 65 nationalités et supporte aujourd’hui 50 000 clients dans plus de 120 pays.
Parmi nos clients qui souscrivent à un abonnement EcoVadis, nous avons des multinationales, mais nous attirons de plus en plus de PME et d’ETI, preuve que la RSE est une problématique qui concerne les entreprises de toutes tailles.
Quelle est la concurrence sur ce marché ?
Nous avons la chance d’être pratiquement seuls sur ce marché de niche de taille mondiale et en pleine croissance. Pour y être efficace, il est nécessaire de combiner une plateforme informatique Cloud et de la validation des informations par des experts RSE, ce qui demande d’importantes ressources. C’est pourquoi la barrière à l’entrée est forte. Certaines entreprises peuvent nous concurrencer sur certaines industries, par exemple sur l’habillement ou l’électronique, mais pas de manière globale.
De notre côté, nous avons également mis en place des initiatives sectorielles. Nous avons ainsi créé des plateformes pour les achats responsables. La chimie (avec des entreprises comme Solvay, BASF, Henkel), ou le transport ferroviaire (avec notamment Bombardier, Alstom, la SNCF ou la Deutsche Bahn), sont de bons exemples.
Remarquez-vous des pays en avance en matière de RSE ?
Les pays européens sont naturellement en pointe dans ce domaine car ils sont les premiers à s’être penchés sur la question. Les États-Unis prennent peu à peu conscience de l’importance de la RSE et comblent leur retard.
"Les États-Unis prennent peu à peu conscience de l’importance de la RSE et comblent leur retard"
L’économie est tellement mondialisée qu’aujourd’hui, une entreprise de plasturgie dans l’Indiana est, par exemple, amenée à collaborer avec un groupe européen qui va lui demander de respecter des critères RSE. Le même phénomène s’observe en Chine, qui commence à prendre à cœur la question. C’est d’ailleurs dans ce pays que nous avons le plus grand nombre de fournisseurs abonnés.
En décembre 2016, vous avez levé 30 millions d’euros, à quoi vous a servi cette somme ?
Dès la création de l’entreprise, nous avons autofinancé notre croissance. Mais nous avions besoin de passer à la vitesse supérieure. L’argent récolté nous a permis de nous implanter plus rapidement à l’international, mais aussi d’industrialiser les sales et le marketing. Nous sommes ainsi passés de quatre à quarante commerciaux dans le monde. Nous avons également pu mettre en place un gros travail de R&D sur notre nouvelle plateforme EcoVadis 10 lancée en novembre.
C’est Partech qui vous accompagne. Quels sont les apports de ce fonds ?
Nous avons opté pour Partech, entre plusieurs offres, car le fit s’est avéré très bon avec eux. Partech nous laisse beaucoup d’autonomie donc le choc culturel n’a pas été si fort. Nous avons pu bénéficier de leur réseau mais aussi de conseils qui ont été pertinents. C’est Partech qui nous a conseillé de recruter si vite autant de commerciaux. Soulignons aussi que nous sommes le premier investissement en France de Partech Growth, leur nouveau fond de Capital Développement.
Quels sont les projets d’EcoVadis en termes de nouveaux projets ou de levées ?
Notre offre restera mondialisée et généraliste mais nous avons lancé Cyber Vadis une filiale qui note la cybersécurité des entreprises. Concernant les levées, rien n’est prévu mais nous n’excluons pas d’effectuer un jour un nouveau tour de table.
Propos recueillis par Lucas Jakubowicz et Pierre-Étienne Lorenceau