Moins d’un an après sa nomination au poste de directeur général Europe, Karim Habra nous dévoile sa stratégie et ses ambitions.

Décideurs. Comment appréhendez-vous l’année 2019 pour le marché immobilier européen ?

Karim Habra. Avec prudence et sélectivité mais aussi avec optimisme. Le marché immobilier européen connaît un haut de cycle et l’accumulation d’incertitudes nous amène à être vigilants. Les fondamentaux du marché restent sains et nous confortent dans nos stratégies d’investissement. Nous avons l’ambition de doubler la taille de notre plateforme européenne, qui gère actuellement 8 milliards d’euros, d’ici trois à quatre ans. Toutefois, nous ne passerons à l’acquisition que si nous identifions les opportunités qui nous prémuniront notamment contre un retournement de cycle. Nous privilégierons les opérations de création de valeur à long terme dans une logique build-to-core-to-hold. Nous nous concentrons donc sur des sujets core plus, value-added, voire opportunistes. Nous pouvons aussi chercher de la création de valeur en misant sur la mutation des territoires, à l’image de notre investissement l’année dernière dans l’ensemble Cap Ampère à Saint-Denis Pleyel, futur hub du Grand Paris Express.

Quels seront les marchés porteurs et ceux qui seront délaissés par les investisseurs en 2019 selon vous ?

Actuellement, le marché britannique apparaît comme figé en raison des incertitudes autour du Brexit. Mais la situation pourrait évoluer d’ici la fin de l’année. Nous sommes en train de mettre en place une équipe opérationnelle à Londres pour saisir, le moment venu, les opportunités sur ce marché où nous gérons environ 1 milliard de livres sterling d’actifs aujourd’hui.
Nous sommes également en train de nous implanter à Berlin car le marché allemand reste incontournable en Europe, au même titre que celui du Grand Paris. Nous continuons aussi à scruter le marché milanais car il fait face à une pénurie de produits de classe A et la région de l’Italie du Nord est l’une des plus riches d’Europe. Enfin, nous abordons l’Europe Centrale avec une approche plus opportuniste.

Quelles seront les principales stratégies d’investissement d’Ivanhoé Cambridge en Europe dans ces conditions ?

Nous nous positionnons en premier lieu sur les bureaux où nous pourrons créer de la valeur par le biais d’une restructuration ou un développement afin d’en faire des produits de grade A. Pour conclure ces opérations, nous pouvons recourir à différents moyens : acquisitions en direct, club-deals, achat de sociétés opérantes ou cotées, investissement dans un fonds… En partenariat avec Icamap, nous venons de lancer Icawood, un fonds d’investissement et développement. Ce véhicule dispose de 750 millions d’euros de fonds propres, pour une capacité globale d’investissement de 1,6 milliard d’euros, permettant la réalisation de 200 000 à 300 000 mètres carrés de bureaux ayant une faible empreinte carbone, d’ici à 2028 dans la région du Grand Paris.
La logistique figure aussi en bonne place dans notre stratégie d’investissement. Nous avons noué un partenariat au Royaume-Uni avec Peel Group et Macquarie Capital pour développer des grandes plateformes à proximité de Londres, Manchester et Liverpool. Nous souhaitons reproduire ce modèle en France, en Allemagne et en Europe du Sud et centrale. Ce sera l’une de nos priorités de 2019.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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