La stratégie urbaine de Nantes à la loupe
Les marchés immobiliers marquent légèrement le pas à Nantes. Dans le cadre du 26e voyage d’étude* du Club des clubs immobiliers organisé jeudi 21 mars, l’observatoire du logement de la Métropole Atlantique (Oloma) a fait état d’un volume de ventes de logements neufs représentant 6 300 unités en 2018 contre 7 300 en 2017. « Les logements réservés par les investisseurs sont tombés à 1 800 l’an passé contre environ 3000 unités il y a deux ans », explique Bertrand Mours, président de l’Oloma. Quant au volume de logements autorisés sur le territoire des Pays de la Loire, il a été estimé dernièrement à 29 000 unités. « Nous sommes dans une logique de baisse sur un marché dynamique, analyse Bertrand Mours. Nous avons recensé 27 000 nouveaux habitants en une année au niveau régional dont la moitié arrive sur l’aire métropolitaine nantaise. J’ai quelques inquiétudes sur notre capacité à produire dans les deux années à venir avec l’entrée en vigueur du plan local d’urbanisme métropolitain, les élections municipales de 2020 et l’augmentation des coûts de travaux. »
Côté tertiaire, l’année 2018 a été marquée par un léger recul de 6 % au niveau de la demande placée. « Nous sommes victimes de notre succès, précise Christine Serra, membre de l’Observatoire nantais de l'immobilier tertiaire et d’activité (Onita) et directrice régionale Centre-Ouest de BNP Paribas Real Estate Transaction France. Le stock d’offres de seconde main et dans le neuf diminue depuis cinq ans, ce qui amène de la tension. » Plusieurs propositions ont été faites par l’organisme à la métropole pour inverser la tendance. « Nous avons soumis l’idée de libérer des fonciers de grande taille afin de positionner un marché de report à l’Ouest, le long de la ligne de tram qui amène à la gare, afin de pouvoir développer des opérations en 2020 et d’accélérer les délais administratifs. » Justement, la maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland, a présenté sa stratégie aux participants du voyage d’étude dans l’auditorium de l’école nationale supérieure d’architecture de la ville.
La stratégie urbaine de Johanna Rolland
« Le dialogue partenarial public-privé nous permet d’avancer, souligne l’élue. Ces échangent nous permettent d’étudier des points de vigilance. Suite à l’alerte du CINA et d’autres acteurs, j’ai récemment décidé d’augmenter la part de libérations de foncier. Elle va ainsi passer de 50 000 à 60 000 m² par an. Deuxième exemple, nous avons eu des discussions qui nous ont permis de progresser lors de l’adoption du plan local d’urbanisme métropolitain. Lorsque j’ai demandé qu’une part soit réservée à la nature dans les nouvelles constructions, des questions ont été soulevées, notamment sur la tenue des délais économiques et les taux de rendement. Nantes se caractérise par sa capacité à ne pas seulement jouer l’instant présent mais aussi à cultiver le moyen terme. Dès lors, l’exigence qualitative devient un atout dans la stratégie de différenciation de notre métropole à l’échelle européenne voire mondiale. »
Autre point fort mis en avant par Johanna Rolland : le potentiel foncier de sa ville. Cette dernière dispose de 300 hectares à aménager à l’intérieur du périphérique, dont 200 avec un potentiel global et 100 d’espaces publics. Une capacité de développement d’autant plus cruciale que Nantes ouvre une nouvelle page de son histoire urbaine. « Nous lançons un nouveau cycle de grands investissements avec la nouvelle gare signée Rudy Ricciotti qui permettra de doubler la capacité de voyageurs, le transfert du marché d’intérêt national, un projet de CHU qui s’inscrit lui-même dans un grand quartier de la santé, la réouverture du grand musée d’art, l’extension du palais des sports de Beaulieu… », liste l’édile. Et de compléter : « Nous aimons l’innovation et avons décidé de positionner Nantes comme la métropole où nous inventons les solutions aux transitions. » La cité des ducs de Bretagne ne semble pas prête de sortir du radar des grands acteurs immobiliers.
Par François Perrigault (@fperrigault)
*Co-organisé par Sciences-Po Immobilier, le CINA (Club Immobilier Nantes Atlantique) et le bureau du CDCI, le voyage a réuni 200 professionnels de l’immobilier issus des associations d’anciens des 27 grandes écoles et universités françaises qui composent aujourd’hui Le Club des Clubs Immobiliers. Bureau Véritas, Cosy Home, Finple, Icade, Vinci Construction, Adim, Vinci Immobilier, Bergeras Expertises, BTP Consultants, Camelot Europe, Club Immobilier Marseille Provence CIMP, Groupe Coulon, Crédit Foncier Immobilier, Dauchez, Delsol Avocats, DVA Executive Search, Eiffage Immobilier, Goupe Espi, Fairway, Galeo, Galtier Valuation, Graf Notaires, Groupama Immobilier, L’Etoile Properties, Réalités et RICS France étaient les partenaires de ce voyage.