Aéroports de Paris : une privatisation qui fait débat
Fait assez rare pour être signalé, les politiciens de droite et de gauche se sont entendus, au Sénat, pour refuser en bloc (246 voix contre, 78 pour) le projet de privatisation du Groupe ADP, la société française exploitant les aéroports de Paris. Ce consensus de chambre haute devrait pourtant rester vain puisque le dernier mot reviendra à l’Assemblée nationale, qui avait déjà voté en faveur de la privatisation en première lecture. Dans les grandes lignes, les pourfendeurs du projet de vente d’ADP par l’Etat français reprochent à ce dernier sa vision court-terme. Le sénateur Patrick Kanner (PS), n’y va pas par quatre chemins pour résumer sa pensée : « Plutôt que de vendre et d’empocher un moindre chèque, nous préconisons de garder publiques, pour continuer d’enregistrer les bénéfices, ces entreprises florissantes ».
La France prend le parti de l’innovation
Du côté du gouvernement, guidé par le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire sur ce dossier, le produit de cession d’ADP servira à la fois à désendetter le pays et à abonder un fonds dédié à l’innovation aux « 250 millions d’euros de revenus garantis » a-t-il confié. Le Ministre réfute aussi l’idée selon laquelle la France perdrait sa mainmise sur une activité régalienne. La sécurité aux frontières ou les redevances aéroportuaires resteront toujours sous le contrôle des pouvoirs publics. Sur le point des bénéfices à perdre (ou à gagner), l’exécutif estime que les dividendes générés par l’exploitation des aéroports de Roissy, Orly et du Bourget, fructueux dernièrement, ont en réalité été erratiques sur une plus longue période. Se pose évidemment la question du potentiel repreneur, et de la cession partielle ou intégrale de la participation de l’Etat (50,6 %). La seconde option semble privilégiée, et c’est Vinci qui pourrait rafler la mise. A moins qu’un investisseur étranger décide de mettre la main à la poche. Vu la sensibilité du dossier, ce serait tout de même étonnant.
FS