Logement : notaires et promoteurs partagés entre satisfaction et inquiétudes en Île-de-France
L’année 2018 a été un bon cru pour l’immobilier francilien. Selon les chiffres dévoilés jeudi 28 février par les Notaires du Grand Paris, les ventes de logements dans l’ancien se sont stabilisées « à très haut niveau » l’année dernière, avec 177 500 opérations en Île-de-France. Soit un léger recul de 2 % par rapport au sommet de 2017.
« Au global, les prix des logements anciens ont progressé de 4,2 % en 2018, a souligné Thierry Delessalle, président de la commission des statistiques immobilières à la chambre des notaires de Paris, lors du club notarial immobilier organisé également jeudi 28 février. Il existe toutefois plusieurs marchés en Île-de-France : urbain, péri-urbain et rural. Evidemment, plus on se rapproche de l’immobilier urbain, plus la tension est forte. Nous devrions franchir la barre des 10 000 euros par mètre carré à Paris cette année. Cette situation est le fruit d’une pénurie et il n’y a qu’une seule solution pour y remédier : construire davantage. »
« Les ventes de logements neufs sont restées à un niveau très satisfaisant en 2018 puisqu’elles se sont situées à 34 500 unités en Île-de-France, ce qui correspond à une tendance haute, a indiqué pour sa part Marc Villand, président de la fédération des promoteurs immobiliers d’Île-de-France (FPI IDF) qui était invité au club. Par contre, la baisse des mises en vente nous inquiète. Elles ont reculé de 15 % l’année dernière, ce qui n’était pas arrivé depuis 2014. Cette situation s’explique par la complexité de l’organisation administrative et l’approche des élections municipales. » Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le stock de logement est en baisse de 5 %. Il est passé de 29 400 unités à 27 900 unités, soit une offre commerciale représentant 9,7 mois de commercialisation. Nous considérons généralement que douze mois traduisent un marché équilibré. Nous sommes donc dans une situation de pénurie, ce qui entrainera une montée des prix, la désolvabilisation d’une partie de la clientèle et donc beaucoup de problèmes à terme. »
Les notaires du Grand Paris anticipent une année 2019 dans la même lignée que 2018 en matière de ventes de logements dans l’ancien. « Les influences internes du marché immobilier restent favorables avec des niveaux de taux d’intérêt qui restent bas et le dynamisme économique de l’Île-de-France amène des créations d’emploi, une augmentation de la population et des besoins de logements, analyse Thierry Delessalle. Néanmoins, les phénomènes extérieurs ne sont pas tous positifs. Nous voyons notamment de plus en plus de maires qui bloquent les dossiers, ce qui va pénaliser la fluidité du marché immobilier. En parallèle, les pistes de réflexion sur la fiscalité immobilière inquiètent. »
Chez les promoteurs, le Grand Paris suscite quelques sueurs froides pour l’activité à moyen terme. « Le projet tu Grand Paris accroit nos risques en matière commerciale, technique et politique à cause des paramètres non stabilisés comme la date de mise en service du super-métro par exemple », explique Marc Villand. Ajoutez à cela les interrogations sur la pérennité au-delà de 2021 des dispositifs de défiscalisation qui représentent 50 % des ventes selon le président de la FPI Île-de-France et vous avez une somme d’éléments qui incitent à la prudence.