Joachim Azan et Nicolas Kert : "Novaxia donne de l’autonomie à ses métiers historiques pour croître"
Décideurs. Novaxia a de nouveau remporté un projet dans le cadre d’un appel à projets urbains innovants (ndlr : « terminus » dans le cadre de Réinventer Paris 2). Quelle est votre recette ?
Joachim Azan. Il faut mettre cinq ingrédients majeurs, à savoir de la passion, de l’audace, une touche de vision, de l’ingéniosité et de l’écoute. Sur le site de l’ancienne station de métro Croix Rouge, nous allons proposer une expérience gustative unique en associant un marché souterrain, un food-court et un restaurant – bar à cocktails sur les quais longs de 75 mètres. Ce sera une première dans le monde ! Novaxia est encore en lice sur deux autres sites de l’appel à projets, la gare des Gobelins et l’Institut George Eastman, tous les deux localisés dans le 13ème arrondissement. Et lors de la première édition de « Réinventer Paris », nous avions remporté le site de Buzenval sur lequel nous allons réaliser une Open House, nouveau concept hôtelier développé par Jo & Joe. Ces distinctions valident notre stratégie de transformation du patrimoine existant.
Quelle sera la stratégie de développement de Novaxia en 2019 ?
Joachim Azan. Novaxia a connu une croissance de 223 % en quatre ans. Pour continuer sur cette voie, nous avons décidé de donner de l’autonomie à nos métiers historiques de développeurs et d’asset manager-investisseur. Novaxia Développement a signé neuf nouveaux projets en 2018 représentant 375 millions d’euros, portant ainsi son portefeuille existant à 35 opérations totalisant près de deux milliards d’euros. Nous voulons en développer de plus en plus pour atteindre le cap des 80 programmes d’ici cinq ans. Corolaire de cette ambition, la taille de nos projets augmente continuellement. Nous sommes par exemple finalistes de l’appel à projets visant à transformer l’Hôtel-Dieu à Paris et de la consultation pour la cession de l’ancien Hôtel du département des Hauts-de-Seine à Nanterre.
Nicolas Kert. Novaxia Asset Management a collecté 100 millions d’euros, ce qui représente une capacité d’investissement de 300 millions d’euros grâce à l’effet de levier. Notre ambition est de lever 500 millions d’euros annuellement d’ici 2023. Pour ce faire, nous allons ajouter à notre offre des club-deal immobiliers destinés à une clientèle privée. A la différence des autres sociétés de gestion, nous nous positionnerons sur un marché de niche : celui des opérations value-added et opportunistes dans lesquelles Novaxia Asset Management a fait preuve de sa capacité à créer de la valeur. Autre levier de développement, nous élargirons notre spectre en intégrant à notre cible les immeubles occupés mais en phase d’obsolescence dans des emplacements établis. Nous renouvellerons les baux ou alors nous lancerons un projet de transformation suite au départ des utilisateurs pour créer de la valeur. Nous logerons ces stratégies dans des véhicules similaires à ceux que nous gérons déjà en allongeant la durée de détention. Ou bien dans des SCPI et OPCI d’un nouveau genre comparés aux autres fonds et qui ne généreront plus seulement de la performance par le biais de la capitalisation mais aussi grâce à la plus-value des opérations. Nous espérons collecter 350 millions d’euros chaque année sur ce marché évalué à dix milliards d’euros. Si nous y parvenons, Novaxia Asset Management gérera alors près de trois milliards d’euros d'actifs immobiliers en 2023 contre 500 millions d’euros actuellement.
Pourquoi défendez-vous l’instauration d’un plan épargne salarial urbain ?
Nicolas Kert. Les capitaux des Français sont essentiellement dirigés vers des solutions moins productives que des placements dans des entreprises, des PME, de la transformation urbaine… Notre idée est de créer un dispositif sur le modèle du plan d’épargne en actions qui viendrait soutenir des projets immobiliers à fort impact positif répondant à des critères établis en amont.
Joachim Azan. Ce ne serait pas une nouvelle niche fiscale car le plan épargne salarial urbain n’ouvrirait pas le droit à une diminution du montant de l’impôt mais à une réduction de la taxation sur la plus-value, ce qui serait vertueux. Nous discutons avec l’exécutif et les parlementaires pour faire aboutir cette proposition.
Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)