Nathalié Appéré : « L’objectif de rénover 75 000 logements est tenable et réaliste, bien qu’ambitieux »
Décideurs. Quelle est votre position sur la nouvelle « stratégie logement » du gouvernement récemment dévoilée ?
Nathalie Appéré. Avec cette nouvelle donne, en tant que présidente du conseil d’administration de l’Anah, je dirais que l’agence a un rôle à jouer à trois niveaux : le premier est d’être en capacité de contribuer « largement » au plan de résorption des passoires thermiques. À ce sujet nous sommes un opérateur essentiel pour atteindre les objectifs avec le programme Habiter mieux, qui a fait ses preuves. Le deuxième est de participer au plan de revitalisation des villes moyennes en tenant notre rôle d’ensemblier auprès des collectivités contractantes d’opérations programmées pour ces territoires. Enfin, le troisième est d’être dans le tour de table de Logement d’abord : en effet, l’Anah est en mesure grâce au conventionnement avec les propriétaires bailleurs privés de mettre sur le marché locatif des logements à bas loyers. Ceci n’enlève rien aux désaccords profonds que j’ai pu exprimer sur le volet logement social de la politique mise en place, en particulier la baisse des APL.
Comment l’Anah s’organise-t-elle pour atteindre les objectifs qui lui sont fixés en termes de rénovation énergétique pour 2018 ?
Bien qu’ambitieux, l’objectif de 75 000 logements est tenable et réaliste. Il nécessite néanmoins que l’agence s’organise pour simplifier l’accès au programme Habiter mieux. Il s’agit de faire plus, plus vite et aussi bien en matière d’accompagnement des ménages chaque fois que cela est nécessaire pour eux. D’ailleurs, tout en conservant l’essentiel de ce programme, à savoir une aide financière, une prime et un accompagnement, l’Anah a entrepris un travail sur d’autres configurations possibles de cette offre afin qu’elle corresponde le mieux possible aux attentes de nos publics. Pour résumer en une formule, vous pourriez choisir l’Habiter mieux, qui vous va le mieux…
Dans cette recherche d’efficience, il y a aussi depuis septembre la mise en place, département par département, d’un service en ligne monprojet.anah.gouv.fr pour faire directement sa démarche sur Internet. Ce service est une vraie innovation car il n’est pas une automatisation de la démarche administrative, bien au contraire c’est une plate-forme de mise en relation entre les ménages, les points rénovation info service, les opérateurs-conseils et les services instructeurs des DDT et des collectivités délégataires. En matière de travaux, il y aura toujours un besoin de conseil, de diagnostic, de compétence technique pour faire... Ce que nous voulons avec ce service, c’est gagner du temps sur le recueil d’informations et en avoir davantage pour conseiller et traiter un dossier. Plus largement, la simplification et la dématérialisation de nos procédures est un enjeu de modernisation et d’efficience pour l’Anah comme pour ses 180 territoires de gestion, tous engagés dans l’amélioration de l’habitat et donc celui des habitants.
L’Anah est une petite agence agile
Quelle est votre feuille de route pour les années à venir ?
La feuille de route sera notre prochain contrat d’objectifs et de performance (COP) en cours de concertation. Ce que nous souhaitons c’est qu’il soit quinquennal [2018-2022] pour être en phase avec la trajectoire budgétaire, parce que ce temps long est nécessaire pour piloter des projets d’amélioration de l’habitat avec les territoires et que nous avons des transformations numériques pour gagner en performance à mettre en place. J’ai coutume de dire que l’Anah est une petite agence agile qui saura mettre cette performance au service des collectivités locales.
Propos recueillis par Boris Beltran