Matthieu Evrard, l'homme des challenges
« Le M&A en tant que tel, c’est extrêmement formateur mais cela n’a rien de très fun », confie avec le sourire Matthieu Evrard. C’est pourtant par cette activité qu’il commence sa carrière chez PWC en 2002. Celui-ci multiplie les opérations dans différents secteurs, jusqu’à accompagner celle d’un tour operator. C’est là qu’il découvre l’univers du tourisme, « un secteur qui me plaît, qui me parle », explique-t-il. Alors que tous lui conseillent de rejoindre des entreprises du secteur industriel, il s’inscrit en 2003 à la Sorbonne pour suivre un DESS en stratégie touristique et hôtelière. Il choisit de conduire une thèse sur le suivi des rendements, un sujet encore atypique à l’heure où les groupes hôteliers commencent à démarrer leur stratégie d’externalisation de leurs murs. Ce choix s’avère payant puisque quelque temps plus tard, il est repéré par B&B Hotels pour rejoindre leur équipe de développement. À l’époque, le groupe ne comprend que 120 hôtels. Un challenge l’attend ! « C’était une belle époque, on faisait tout notre possible pour développer la chaîne », poursuit-il. Quatre ans plus tard, après avoir pleinement rempli sa mission et porté le nombre d’hôtels du groupe à 200, il est débauché. Une toute nouvelle aventure commence alors chez Louvre Hotels, un groupe historiquement familial longtemps détenu par les Taittinger, racheté en 2005 par Starwood Capital. Matthieu Evrard y prend la tête du développement des filiales en France.
Cap sur l’international
Il entame un travail de repositionnement des marques et, fort de ses premiers succès, il se voit progressivement confier de nouvelles missions par son CEO de l’époque, Pierre-Frédéric Roulot. Le développement international, tout d’abord : « J’ai travaillé sur de nombreux projets dans les pays de l’Est ou le Maghreb, et je me suis petit à petit occupé du M&A. » En 2011, il réalise une opération historique et structurante pour Louvre Hotels et procède à l’acquisition de Golden Tulip. Un beau défi : « Il y avait une dizaine de filiales dans le monde, presque toutes déficitaires. Il a fallu redresser tout cela au pas de course », poursuit le centralien. Puis, Pierre-Frédéric Roulot lui demande de prendre en charge l’asset management et la direction technique du groupe. Louvre Hotels était propriétaire d’environ 400 immeubles, mais ceux-ci n’étaient pas gérés au sens immobilier du terme. « Nous avons donc remédié à cela en revoyant notre portefeuille : arbitrages, plans de cessions, capex de revalorisation, autofinancement, solutions de sales & leaseback… La division asset management nouvellement créée a dû travailler sur de nombreux scénarios de gestion immobilière. » En 2014, Starwood Capital décide de mettre en vente Louvre Hotels et Matthieu Evrard se trouve au cœur du dispositif. « Le programme a duré longtemps. Cela nous a pris plusieurs mois pour préparer la stratégie de la cession. Je suis allé jusqu’à son terme, malgré l’intérêt que les chasseurs de têtes avaient pour moi à ce moment-là. » Bien qu’ayant rapidement acquis la confiance de son nouvel actionnaire, Matthieu Evrard a l’impression d’être arrivé à la fin d’un cycle après avoir contribué largement à l’internationalisation du groupe et sa croissance.
Nouvelle feuille de route
Il décide alors en 2016, après neuf mois de discussions, de rejoindre la foncière Affine. En tant que directeur général délégué, sa nouvelle feuille de route est toute tracée : « Trouver tous les leviers d’accélération et de croissance possibles, confirmer les précédentes distributions de dividendes, gonfler le pipeline d’investissements et, demain, accompagner les augmentations de capital. » Pour lui, la création de valeur passera par « de la flexibilité, de la convivialité et des services nouveaux », là où les business models traditionnels s’effritent. Aujourd’hui, Affine détient un patrimoine direct de 520 millions d'euros. Au vu des performances passées de cet homme de challenges, nul doute que ce patrimoine devrait connaître une évolution plus que favorable.