Le chiffre du jour : 2 072
Depuis le début de l’année, pas moins de 70 000 migrants ont tenté de rejoindre les côtes européennes en partant de Lybie. Avec 2 072 personnes décédées, le taux de mortalité atteint 2,7 %, un niveau historique. Il était tombé sous la barre des 1 % en 2015. À l’époque, l’Europe avait déployé des mesures fortes suite au naufrage de deux bateaux transportant 1 200 migrants illustré par la photo tristement célèbre d’Aylan, 5 ans, échoué sur une plage turque. Bien que ces dernières se soient montrées fructueuses, la stratégie de l’Union européenne consiste désormais à coopérer avec les garde-côtes libyens dans une optique de prévention des traversées dangereuses. Ainsi, pour les auteurs du rapport, cette recrudescence s’explique par la concentration de l’effort européen sur l’enrayement de l’activité des passeurs, qui aurait abouti à une détérioration des conditions de traversée : navires de moins bonne qualité, essence en quantité limitée, absence de gilets de sauvetage et de moyen d’appeler à l’aide. Les bateaux n’ont presqu’aucune chance d’atteindre les côtes européennes seuls et nécessitent une assistance urgente dès leur départ.
25 % de hausse en deux ans
Amnesty International déplore cette volte-face politique, moins efficace que le déploiement de davantage de navires de sauvetage, étant donné que malgré la prévention, les flux ne désemplissent pas. Redescendus à 153 800 arrivées en 2015 d’après le Ministère italien de l’intérieur, ils ont subi un regain de 18 % à 181 400 en 2016. Sur le début de l’année, ils atteignent 73 000, soit 14 % de plus qu’à la même période l’an dernier. L’accusation de l’inertie de l’Union est d’autant plus accablante que selon le rapport, en cas d’interception, les migrants sont déplacés dans des centres de détention en Lybie dans lesquels ils sont exposés à la torture, au viol et au travail forcé.
A.R.