Michel Dubromel (FNE) : « Les acteurs économiques ont besoin de signaux clairs »
Décideurs. Comment envisagez-vous votre mission au sein de la FNE qui, pour rappel, est le porte-parole d'un mouvement de 3 500 associations membres et de 800 000 bénévoles ?
Michel Dubromel. Sobriété énergétique, développement des énergies renouvelables, qualité de l’air, alimentation, biodiversité, déchets… tous ces sujets ont un impact considérable sur le devenir de notre planète et sur le quotidien de chacun d’entre nous. Ce qui est en jeu, c’est notre qualité de vie, notre pouvoir d’achat, notre santé, nos emplois. Il est impératif que ces sujets structurants, qui ont été totalement absents de la campagne présidentielle, soient remis au centre du débat public et des feuilles de route politiques. La FNE a un rôle central à jouer et toute sa force repose sur les associations mobilisées au quotidien sur le terrain. La crise prend de multiples formes et notre objectif est de créer des liens avec d’autres acteurs de la société civile en sortant d’une logique de niche, où l’environnement reste le pré carré des associations environnementales et les questions sociales dévolues aux associations caritatives ou aux syndicats.
« Sortir d’une logique de niche, où l’environnement reste le pré carré des associations environnementales »
Comment accueillez-vous la nomination de Nicolas Hulot au gouvernement ?
France Nature Environnement a salué la nomination de Nicolas Hulot, un homme de conviction issu de la société civile, qui a déjà beaucoup œuvré pour faire connaître l’urgence écologique. Mais au-delà du ministère de la Transition écologique et solidaire, c’est l’ensemble du gouvernement qui doit être mobilisé pour faire de la transition écologique une réalité. Nous souhaitons retrouver un État stratège et cohérent qui intègre la transition dans toutes ses actions, notamment par le biais de ses participations « actionnariales » chez EDF ou SNCF.
Que pensez-vous des entreprises qui multiplient les déclarations en faveur du développement durable ?
Elles sont des acteurs majeurs de la transition écologique. Depuis plusieurs années, la FNE construit avec des entreprises privées, fondations et groupements d’entreprises des partenariats qui nous amènent à partager notre expérience sans renier notre indépendance et nos convictions. À titre d’exemple, nous travaillons avec PSA qui tend désormais à se positionner comme un acteur d’une mobilité plus durable. Nous constatons une volonté d’avancer au-delà des déclarations d’intention. Continuons !
Les villes se réinventent aujourd’hui en laissant plus de place à la nature, en priorisant une architecture plus responsable, des mobilités plus douces… Que pensez-vous de ces avancées ?
Toutes les politiques locales ne se valent pas. Il y a des évolutions, certes, mais aussi de réelles régressions ou des contradictions criantes entre l’engagement de certaines collectivités et le soutien à des projets incompatibles que nous dénonçons. Les villes, les agglomérations, les acteurs économiques et les citoyens ont besoin de moyens, mais surtout de signaux clairs. Et nous n’y sommes pas encore. Pour prendre l’exemple de la pollution de l’air due au diesel, il faut accompagner les villes qui se sont engagées dans ce combat en les aidant à développer les transports collectifs, proposer de nouvelles formes de mobilité et repenser l’organisation de l’espace urbain. Mais aussi mettre en place une fiscalité qui ne soit plus à ce point favorable à un carburant qui est une aberration d’un point de vue environnemental, de santé publique, et économique. Tout se tient.
Propos recueillis par Laetitia Sellam