Arnaud Herrmann (AccorHotels) : « Favoriser les circuits courts et une meilleure maîtrise de notre empreinte carbone »
Décideurs. En avril 2016, le groupe AccorHotels a dévoilé son nouveau plan quinquennal de développement responsable baptisé « Planet 21 Saison 2 ». Depuis, quelles en ont été les avancées les plus significatives ?
Arnaud Herrmann. Pour deux des priorités de Planet 21 (l’alimentation et les bâtiments durables), des progrès significatifs ont été réalisés. Un an après l’annonce de l’objectif prévoyant 1 000 potagers urbains dans nos hôtels à horizon 2020, nous comptons déjà plus de 500 établissements ayant le leur. Alors que nous nous sommes également engagés à diminuer de 30 % nos déchets alimentaires, trente-huit hôtels pilotes dans treize pays ont mis en place des solutions connectées pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le dispositif leur a permis de réduire de près de 60 % les déchets, ce qui correspond à environ 540 000 euros d'économies. En matière de bâtiments durables, nous lançons le chantier du premier hôtel labellisé « bas carbone ». L’hôtel « open house » de l’enseigne Jo&Joe ouvrira au deuxième semestre 2018. Le groupe a contribué aux côtés de l’association BBCA à l’élaboration du référentiel Bâtiment bas carbone (1). Ainsi, la superstructure du futur Jo&Joe Paris sera en bois lamellé-collé et les produits utilisés seront biosourcés.
Testez-vous actuellement de nouveaux dispositifs ou innovations ?
Nous adoptons une démarche test and learn qui nous permet d’expérimenter de nouveaux outils intelligents. Qu’il s’agisse de la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’agroforesterie ou encore la transition énergétique, le groupe s’associe à des acteurs innovants pour être précurseur dans tous ces secteurs. C’est tout l’intérêt du partenariat entre AccorHotels et Energy Observer. Ce catamaran expérimental est équipé de technologies pointues en matière d’énergies renouvelables et collabore avec le CEA tech, le pôle « recherche technologique » du CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Nous testons d’abord les dispositifs sur une petite échelle, puis s’ils font leurs preuves, nous les déploierons de manière pérenne. Par exemple, le bateau va tester des éoliennes à axe vertical dont nous souhaitons éprouver l’efficience sur nos bâtiments. Par ailleurs, nos bâtiments sont équipés des dispositifs connectés afin de les rendre intelligents, automatisant la collecte et la restitution des informations sur la consommation d’eau et d’énergie.
« Qu’il s’agisse de la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’agroforesterie ou encore la transition énergétique, le groupe s’associe à des acteurs innovants pour être précurseur »
En 2030, plus de 70 % de la population mondiale sera urbaine. Comment vous projetez-vous dans la ville de demain ?
Présent dans 1 700 villes à travers le monde, AccorHotels veut jouer un rôle clé dans la ville de demain en se positionnant non seulement comme service provider pour les voyageurs, mais aussi pour les riverains. Nos hôtels ont la capacité de devenir un point d’ancrage dans les villes, pour rapprocher les personnes et les acteurs du territoire entre eux. Nous avons également l’opportunité de tester des technologies que nous retrouverons dans l’habitat de demain. C’est déjà le cas avec l’ascenseur que nous installons dans le futur Jo&Joe de Gentilly et dont les mouvements complétés de capteurs solaires assureront la propre régénération électrique. Plusieurs projets orientés sur la ville de demain sont actuellement en cours de réalisation. Nous soutenons l’agriculture urbaine et le développement de l’aéroponie et de l’aquaponie (2) que nous testons dans nos potagers. Faire de nos hôtels de véritables lieux de vie nous porte. Notre mission est de trouver et d’essayer les meilleures solutions qui contribuent à inventer de nouvelles manières de vivre, plus responsables et plus durables pour la planète et les hommes.
Propos recueillis par Laetitia Sellam