Complexification des opérations, nouvelles normes comptables, durcissement de l’environnement fiscal, le directeur comptable a de plus en plus un rôle d’anticipation. David Soly revient sur sa vision du métier et ses challenges au sein de la foncière.

Décideurs. Quels sont les principaux enjeux de votre fonction ?

David Soly. J’ai la responsabilité des comptabilités du groupe Gecina et je supervise aussi la fiscalité et la fonction assurances. Je suis par ailleurs membre du comité de direction. Une direction comptable et fiscale met en œuvre l’ensemble des processus les plus efficients aux fins de produire l’information dont elle a la responsabilité. Ces processus impliquent la participation d’acteurs au-delà du cadre strict de la direction comptable et sont conduits de façon récurrente, donc généralement très standardisés. Avec le perfectionnement continuel des outils et l’apport des nouvelles technologies, cette marche vers une automatisation des tâches est une tendance de fond et continuera à redessiner le paysage de la fonction comptable dans les années à venir avec des métiers davantage tournés vers l’analyse et le contrôle.

Décideurs. Quel est votre rôle lors d’une opération de cession ou d’acquisition ?

D. S. En lien avec les directions investissements, arbitrages ou asset management, j’interviens en amont des opérations d’investissement, de cession ou de structuration afin d’anticiper les impacts comptables et fiscaux et aider à la prise de décision en tenant compte des obligations incombant  à une société cotée. Mon rôle est de garantir la fiabilité des opérations sur le volet comptable et fiscal. Garantir aux décideurs du groupe que leurs actions trouveront dans nos agrégats financiers la meilleure traduction et lisibilité possible. En somme, une comptabilité et une fiscalité éclairées au service de l’économie de nos opérations. Nouvelles réglementations, révolution des outils, l’important est de garder un cap et d’être capable de traduire simplement des opérations souvent complexes.

Nouvelles réglementations, révolution des outils : l’important est de garder un cap et d’être capable de traduire simplement des opérations souvent complexes. 

Décideurs. Gecina est très active dans la vie publique, notamment auprès des régulateurs. Quel rôle jouez-vous vous-même ?

D. S. La fiscalité est régulièrement source d’instabilité et d’incompréhension lorsque les acteurs sont tenus à l’écart des évolutions législatives. Gecina est notamment membre de la Fédération des sociétés immobilières et foncières (FSIF) et agit, au sein de sa commission financière et aux côtés d’autres grandes foncières, à la préservation des intérêts du secteur lorsque le paysage fiscal change. Par exemple, nous avons récemment participé à la définition de la taxe pour la création de bureaux, locaux commerciaux et locaux de stockage en Île-de-France. Les aménagements obtenus sont significatifs pour la profession, même s’ils auraient pu aller plus loin encore.

Décideurs. Vous êtes également responsable des assurances du groupe. Qu’est-ce que cela implique ?

D. S. La fonction assurances vise à préserver notre patrimoine au travers des meilleures polices d’assurance, tant en termes de primes acquittées que de garanties. Cela passe par la construction de relations durables avec les courtiers et assureurs, lors de la négociation des polices d’assurance, mais aussi pendant la durée de vie du contrat. Une information régulière et réciproque permet d’ajuster continuellement la qualité de nos garanties et contribue à l’amélioration de la couverture des risques du groupe.

Décideurs. Quelles solutions mettez-vous en place pour lutter contre la fraude ?

D. S. Outre la formation régulière de nos collaborateurs, nous luttons contre la fraude en travaillant à l’amélioration de nos processus et à leur automatisation. En 2015, Gecina a fait évoluer son outil de comptabilité vers un nouveau progiciel offrant une meilleure traçabilité de l’information financière et comptable et la possibilité de produire de nouveaux indicateurs de gestion, pour raccourcir les délais de reporting et de clôture. Parallèlement, nous avons refondu notre système d’information, ce qui permet de centraliser l’ensemble des informations relatives à la gestion immobilière. Enfin, j’anime un groupe de travail transverse visant  à mettre en œuvre un processus de dématérialisation fiscale des factures fournisseurs : le cahier des charges prévoit pour 2016-2017 le remplacement de près de deux tiers des soixante mille factures papier reçues chaque année par un support entièrement dématérialisé. À la clé, un renforcement de la sécurité des processus, l’amélioration des délais de paiement mais aussi l’évolution des collaborateurs vers des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Propos recueillis par Camille Prigent

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