En avril 2016, le groupe AccorHotels a dévoilé son nouveau plan quinquennal de développement responsable baptisé « Planet 21 Saison 2 ». Hotellnvest, la branche immobilière du groupe, fait partie intégrante de la démarche et intègre le durable, tant dans ses nouvelles constructions que pour son patrimoine existant. Entretien avec John Ozinga, directeur général.

Décideurs. Le concept d’hospitalité positive est  central à la démarche de développement durable de AccorHotels. Comment se décline- t-il pour Hotellnvest?
John Ozinga.
Nous nous engageons à avoir l’empreinte la plus faible possible dans le bâtiment, la construction et l’exploitation. D’ici 2020, nous nous sommes fixés que 100 % des constructions et des rénovations des hôtels filiales soient bas carbone. Nous souhaitons passer d’une tonne de carbone émis pour un m2 de bâtiment construit à 500 kilos de carbone pour la même surface. Cette exigence aura un impact bénéfique  indéniable pour nos activités, nos actifs, nos investisseurs, nos partenaires et à l’évidence nos clients. De plus, cette ambition entraîne dans cette logique les franchisés et génère du lien très  positif en interne. Pour aller plus loin dans cet objectif, nous nous sommes associés comme membre fondateur à BBCA, l’association bâtiment bas carbone.
 

Décideurs : Comment anticipez-vous les contraintes réglementaires ?
J. O. D’abord, nous ne les envisageons pas comme des contraintes. La France est un pays déjà très avancé en termes de réglementation, que ce soit dans la construction ou en ce qui concerne l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Nous souhaitons être encore plus proactifs.  Avec BBCA, nous participons à l’élaboration d’un nouveau label bâtiment bas carbone spécialement dédié à l’hôtellerie pour la fin 2016. Celui-ci comprendra de nouveaux standards plus exigeants en matière de construction. Nous souhaitons  aller au-delà de la simple réglementation pour être encore plus investis dans notre objectif de réduction de  notre empreinte carbone. Nous nous devons d’être précurseurs.
 

Décideurs : Pouvez-vous citer des exemples récents les plus significatifs de vos réalisations de bâtiments durables ?
J. O. De manière générale, la partie facile est d’intégrer le durable aux nouvelles constructions, en utilisant notamment du bois.  La prouesse technique est de retravailler durablement le patrimoine existant.  Là, il faut repenser l’ensemble du système, l’isolation, le traitement des eaux et la consommation d’énergie. Un nouveau groupe d’hôtels a vu le jour à Munich en 2015. Il est constitué d’un Novotel et d’un Ibis. Il a été équipé d’un système de production d’électricité et de chauffage de l’eau à partir d’énergie solaire.  Nous avons testé de nouvelles initiatives comme l’utilisation exclusive d’ampoules led basse consommation. Nous avons également intégré des panneaux solaires sur le toit.  Très discrets, ils n’impactent pas le paysage urbain. Ces panneaux doivent produire 20 000 kilowatter par an, ce  qui nous permettra de réduire considérablement notre consommation d’énergie et d’eau.   Pour prendre le cas d’une rénovation, sur le site du Novotel de Lausanne, la piscine a été végétalisée et un système d’épuration écologique a été mis en place. Celui-ci a d’ailleurs suscité l’intérêt des clients pour lesquels ces évolutions constituent un signal fort de notre engagement.  L’ambition est de déployer ces mêmes opérations  de façon industrielle dans l’ensemble de nos piscines, en France et à l’international. 

Décideurs : Vous conduisez également des expérimentations ?
J. O. C’est tout l’intérêt du partenariat entre AccorHotels et Energy Observer. Ce catamaran expérimental est équipé de technologies pointues en matière d’énergies renouvelables et collabore avec le CEA tech,  le pôle « recherche technologique » du CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Nous testons d’abord les dispositifs sur une petite échelle, puis s’ils font leurs preuves, les déployons de manière pérenne. Par exemple, le bateau va tester  des éoliennes à axe vertical   dont nous souhaitons éprouver l’efficience sur nos bâtiments.
Par ailleurs, nous nous intéressons aux potentialités de m2  non utilisés sur les toits et les parkings. Nous avons engagé un programme d’agriculture urbaine. A Paris, nous avons un partenariat avec la société Topager sur le site du Pullman Tour Eiffel. Sans être une ressource alimentaire fondamentale, la démarche de production locale de fruits et de légumes est utile et également motivante pour nos équipes. Les hôtels filiales en seront dotés. Nous visons mille potagers d’ici à 2020.
 

Propos recueillis par Laetitia Sellam 

 

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