Pour rester leader, la France doit investir 50 milliards dans ses infrastructures
Aidé par les économistes de Coe-Rexecode, le Medef a chiffré le déficit d’investissement pour le marché français des infrastructures de réseaux, à horizon 2020. Cinquante milliards seront nécessaires, selon l'organisation patronale. Le Medef a fait ce calcul pour montrer l’urgence qu’il y a à mettre en place une nouvelle politique des infrastructures dans l’Hexagone. Nouvelle, car pendant de longues années, la France a été l’une des meilleures élèves en Europe sur le développement de ses réseaux d’infrastructures. « Sur la période 1995-2014, la France est le seul pays à avoir maintenu et même augmenté son effort d’investissement dans les infrastructures », rappelle Jean-Louis Marchand, président du comité infrastructures du Medef. Mais à partir de 2014, cet effort se dégrade, à mesure que diminue la part de l’investissement public, dans les dépenses publiques. Pour que la France ne perde pas son rang mondial en matière d’infrastructures, le Medef ne voit qu’une solution : recourir à l’épargne privée « très abondante et à la recherche d’investissements de long terme ». L’heure est d’ailleurs particulièrement propice. Lancé à l’été 2015 par l’Union européenne, le Plan Juncker a mis 315 millions d’euros sur la table pour financer les grands projets d’infrastructures en Europe, par le soutien de l’investissement privé. La France n’a d’ailleurs pas tardé à postuler, en soumettant le financement de la navette aéroportuaire Charles-de-Gaulle Express. Autre élément positif pour le marché : le nombre toujours plus important d’institutionnels désireux de s’exposer à cette classe d’actif. Aujourd’hui, ils le font de façon indirecte mais demain, rien ne dit qu’ils ne se positionneront pas en direct. Pour qu’ils sautent le pas, le contexte doit bien sûr être porteur et suffisamment sécurisé. Le Medef le rappelle et s’est d’ailleurs fendu de plusieurs propositions, pour assurer la sécurité juridique et financière des parties prenantes. Exemple : l’introduction systématique dans les contrats d’une “clause de grand-père” garantissant à l’investisseur la stabilité des règles sur toute la durée de l’investissement. L’organisation appelle aussi à mieux prendre en compte, dans les appels d’offres lancés par les donneurs d’ordre publics, les modalités d’intervention particulières de ces investisseurs, comme les formats obligataires ou les financements à taux fixe. En bref, de créer les conditions d’une montée en charge de la sphère privée qui, seule, peut pallier le déficit public sur le financement des infrastructures.
S.D.C.