Luc Jacquet (boostHEAT) : « Le réseau d’Anne Lauvergeon nous permettra de passer à la vitesse supérieure »
Décideurs. Quelle est l’offre de BoostHEAT en matière d’énergie et en quoi est-elle « révolutionnaire » ?
Luc Jacquet. La révolution est dans l’efficacité de nos chaudières. Si l’on regarde l’évolution de ce marché lors des trente dernières années, l’efficacité est passée de 80 % (chaudière classique) à 90 % (chaudière de basse température), puis 100 % (chaudière à condensation). Le gain énergétique a donc été plafonné à chaque changement de génération. Grâce à notre technologie, l’efficacité thermique bondit à 175 % voire 200 %. La révolution découle bien sûr d’une innovation technologique : au lieu de se contenter de transférer toute l’énergie vers les circuits de chauffage, BoostHEAT active un cycle de pompe à chaleur (captation des calories à basse température puis libération dans l’habitation). L’intérêt est de pouvoir se servir de l’air extérieur comme ingrédient calorifique.
Décideurs. Vous co-dirigez l’entreprise avec Jean-Marc Joffroy. Comment la répartition des tâches s’opère-t-elle ? Comment ne pas se marcher dessus en période d’hypercroissance ?
L. J. boostHEAT est dirigée par deux personnes. Jean-Marc s’occupe principalement de la R&D tandis que j’assume les fonctions liées au développement de l’entreprise. Cette répartition des tâches est d’autant plus naturelle qu’elle s’opère à partir de deux lieux différents : le laboratoire de recherche se trouve à Toulouse alors que les services généraux sont situés à Nîmes.
Décideurs. Vous évoquez le pôle R&D de BoostHEAT. Sur quoi travaille-t-il actuellement ? Votre chaudière est-elle déjà prête ?
L. J. Il faut reprendre l’historique de la société. Pendant six ans, le travail de recherche fondamentale a été mené seul par Jean-Marc Joffroy. En 2011, nous créons l’entreprise, et en 2013, le premier prototype du compresseur thermique voit le jour. Depuis le mois d’août 2015, notre première chaudière est entrée dans une logique de qualification, d’industrialisation et de compliance. La disponibilité commerciale de la chaudière est prévue pour fin 2017. Le pôle R&D, d’ici là, travaillera sur l’optimisation dans le détail de cette chaudière.
Décideurs. Anne Lauvergeon vient d’arriver à votre conseil d’administration. Comment bénéficier de cette venue tout en gardant votre pleine autonomie sur la direction du groupe ?
L. J. C’est avec beaucoup de fierté que nous accueillons Anne Lauvergeon car c’est un indicateur fort du degré de maturité de BoostHEAT. Elle est aussi présidente du board de Sigfox et quand on voit comment cette start-up a pu se développer dernièrement (NDLR : levée de fonds de 100 M€ en 2015), nous sommes optimistes. Notre produit est au cœur de ses compétences et c’est pour cela que nous l’avons rencontrée. La physique est le sujet précis de son agrégation. Son réseau pourra évidemment nous permettre de passer à la vitesse supérieure en matière de croissance.
Décideurs. La prochaine étape est donc la levée de fonds ?
L. J. Nous pensons effectivement à une levée de fonds majeure. Nous y travaillons aujourd’hui. Il est encore difficile d’en définir les contours mais l’échéance est sans doute fixée au premier trimestre 2016. Quant à la typologie des investisseurs, les possibilités sont multiples mais il est vrai qu’ajouter un industriel de l’énergie à notre capital créerait de la valeur.
Firmin Sylla