COP 21 : et maintenant ?
« Je regarde la salle, je vois que la réaction est positive, je n'entends pas d'objection : l'accord de Paris pour le climat est accepté ! » Lorsqu'il abat pour la dernière fois son marteau, Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères et président de la COP 21, met fin à treize jours de négociations (ndlr : un de plus qu'initialement prévu) et près de deux ans de préparation. Les dernières heures ont été particulièrement tendues, notamment avec le remplacement, samedi 12 décembre au matin, de shall par should (en français, doit par devrait), dans l'article 4 portant sur l'engagement des pays développés, afin d'éviter au texte un passage probablement fatal devant le Sénat américain.
Un accord « ambitieux et réaliste »
Le document final, un texte de trente-deux pages, compte vingt-neuf articles et se veut, selon le président de la République François Hollande, « ambitieux et réaliste ». Ambitieux, car il est question de «?maintenir la hausse de la température moyenne globale bien en deçà de 2 degrés par rapport au niveau de l’ère préindustrielle?» et de «?poursuivre les efforts pour limiter la hausse de température à 1,5 degré?», tout en intégrant la notion de justice climatique. Réaliste, car il prend en compte la différenciation des efforts demandés aux pays, en fonction de leurs responsabilités historiques et de leurs niveaux de richesses. Des doutes persistent néanmoins sur l'absence de dispositif de sanctions visant à faire respecter les engagements des pays. Quant au prix du carbone, qui semblait n'avoir pour seuls opposants que l'Arabie Saoudite et le Venezuela, il est le grand oublié des négociations.
2020, la vraie échéance
Prenant le relai du protocole de Kyoto, l'accord de Paris est censé entrer en vigueur en 2020. Il doit maintenant être accepté par au moins cinquante-cinq pays représentant 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour cela, il sera ouvert à la signature au siège des Nations unies, à New York, pendant un an à compter d'avril 2016. En France, la ratification se fera au Parlement, mais d'autres pays, comme les États-Unis, pourront se contenter d'une simple acceptation ou approbation de l'exécutif. Après l'entrée en vigueur de l'accord, les fameuses Giec (contributions de réduction des gaz à effet de serre des États) devront être revues à la hausse tous les cinq ans, un premier bilan devant être fait avant la première révision, en 2023. Plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils réviseraient leur contribution « au plus tard en 2020 ».
Boris Beltran