Ardian, Apax Partners, Eurazeo, PAI Partners prendront en compte « les enjeux climatiques dès 2016 »
Décideurs. Quelle sera l’application concrète de l’initiative « Carbone 2020 » dans la gestion de vos participations ?
Bertrand Pivin (Apax). La première action concrète, c’est que nous avons déjà mesuré l’empreinte carbone d’un échantillon significatif de nos sociétés (30 au total). D’ici à 2020, l’objectif sera de publier l’empreinte carbone de l’ensemble des participations. Ce travail est assez complexe puisque l’on retient le critère des émissions propres à la société analysée mais également celles de ses fournisseurs et clients. Enfin, nous nous engageons à prendre en compte les enjeux climatiques dans nos décisions d’investissement et cela dès 2016.
Décideurs. Certaines activités sont plus sensibles que d’autres aux problématiques environnementales et sociétales. Les diligences conduites devront-elles être hiérarchisées ?
Candice Brenet (Ardian). Bien sûr. Il y a effectivement des secteurs comme la chimie ou l’agroalimentaire qui requièrent une attention toute particulière. De fait, il faut quand même comprendre que ces secteurs ont pris conscience de leur impact depuis plusieurs années. En tant qu’actionnaire, nous les sensibilisons aux facteurs extrafinanciers mais nous ne prétendons pas les avoir évangélisés sur ces sujets. Au-delà de l’initiative, notre rôle est d’intégrer le prisme ESG dans les opérations quotidiennes des entreprises.
Décideurs. Est-ce que cette initiative va de pair avec un renforcement de vos équipes ESG ?
Caterina Romanelli (PAI). En ce qui concerne la mesure et la gestion des émissions de gaz à effet de serre, pas forcément puisque ce sont des compétences très techniques qui se trouvent surtout chez des consultants indépendants extérieurs. Par ailleurs, pour les due diligences plus générales liées aux critères ESG, cela dépend de l’organisation et de la sensibilité de chaque fonds. Nous concernant, nous les assurons en interne via une équipe ESG dédiée.
Décideurs. Comment rallier vos confrères investisseurs à cette cause ?
Blaise Duault (PAI). Les capital-investisseurs doivent tous comprendre que les critères ESG sont un gage de réussite. Outre leurs externalités positives, les LPs en font une condition sine qua non de leur engagement. À titre d’exemple, chez PAI, deux tiers de nos souscripteurs estiment que ces enjeux sont prioritaires, au même titre que la performance financière. Cette initiative est historique pour le capital-investissement français en ce qu’elle est portée conjointement par plusieurs GPs. Sans parler de philanthropie, nous faisons preuve de bon sens. Via l’Afic, en tant que président de la commission ESG, tout est fait pour que l’initiative en soit une de place, traductrice d’un mouvement encore plus global, celui de la COP 21.
Décideurs. Doit-on tirer une croix sur certaines opportunités de business afin de préserver la planète et l’avenir des futures générations ?
Sophie Flak (Eurazeo). C’est effectivement un vrai débat qui anime la profession. D’abord, je vous invite à regarder le retrait du charbon et des énergies fossiles par les investisseurs institutionnels. Il existe probablement quelques métiers de moins en moins regardés par les financiers, et cette année nous avons d’ailleurs refusé de donner suite à certains dossiers dans ce cadre-là. Pour autant, chez Eurazeo, nous ne discriminons pas d’entrée de jeu : c’est surtout l’état d’esprit de l’équipe dirigeante que l’on retient, si elle est prête à aborder le sujet ESG ou non.