Leader mondial de l'énergie photovotaïque au début de la décennie, l'Europe a vu son avance fondre comme neige au soleil, jusqu'à se retrouver dans une posture de suiveur. Elle essaye aujourd'hui de redresser la barre.

2010, le photovoltaïque européen bat son plein depuis environ cinq années : à grand coup de subventions, Allemagne, Espagne et Italie multiplient les investissements, au point qu'en 2012, l'Europe concentre 75 % de la production d'électricité d'origine photovoltaïque dans le monde (64,2 milliards de KWh). La crise et l'éclatement de la bulle, à l'origine de nombreuses faillites et d'une réduction drastique des politiques de soutien, marquent l'arrêt de l'escalade, au point que l'Europe a aujourd'hui perdu sa position dominante au profit de l'Asie, qui occupe le fauteuil de leader, concentrant près de 60 % des installations mondiales. Cependant, l'Europe et en particulier la France, affichent des dynamiques et des perspectives de développement qui autorisent l'optimisme.

 

À court terme, la surcapacité de production électrique en Europe, due au ralentissement industriel, ne laisse pas espérer d'un redémarrage immédiat de la filière. À moyen terme, en revanche, la donne est toute autre. L'intégration électrique européenne suit son cours, via le déploiement de nouvelles technologies, tel que le stockage, afin de limiter l'intermittence des énergies renouvelables (EnR). D'autre part, l'arrivée à maturité de certaines EnR et la hausse des coûts du nucléaire (les vieilles installations étant devenues coûteuses à entretenir et les coûts de l'EPR explosant) font que l'on assiste à une convergence des coûts de l'électricité produite à partir de sources renouvelables d'une part, et de sources conventionnelles d'autre part. La COP 21 devrait également insuffler une dynamique au secteur, l'Union Européenne ayant d'ores et déjà acté un objectif de 27 % d'EnR, dans son mix énergétique, à l'horizon 2030.

 

L'industrie photovoltaïque française, quant à elle, affiche également une dynamique soutenue. Bien qu'affichant un potentiel moindre que certains de ses voisins européens, notamment l'Espagne, les décideurs publics et privés ont fait montre d'un engouement pour le développement de la filière, notamment à travers le doublement de l'appel d'offres photovoltaïque du Comité de régulation de l'énergie (porté à 800 MW), annoncé fin août par François Hollande, et par les participations d'Engie et Total dans deux entreprises solaires, Solairedirect et SunPower. Ces derniers jours ont également été l'occasion de l'accord entre le Syndicat des énergies renouvelables et son pendant brésilien, et surtout de la présentation par Colas de son concept de « route solaire », véritable innovation mondiale ! En France, on a peu de soleil, mais on a des idées...

 

Boris Beltran

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