La ville durable française à la conquête du monde

722 kilomètres carrés et 2 000 bâtiments modélisés, 350 solutions proposées par 100 entreprises, une interface de jeu vidéo, le tout sur 4 gigaoctets. Voilà, en substance, Astainable, le démonstrateur de ville durable et outil numérique de la « ville durable à la française », porté par Eiffage, Engie et Egis, et présenté au public ce 19 octobre. La démarche a étée initiée par l'État, en 2013, via un partenariat avec la capitale kazakhstanaise, Astana, d'où le nom (contraction d'Astana et de sustainable, "soutenable" en anglais) et s'inscrit au sein de l'initiative Vivapolis. Elle s'appuie sur un « club industriel », reposant sur 16 pôles de compétitivité. Ainsi,  les « 3E » ont pu jouir d'un grand réseau entrepreunarial pour proposer et articuler des solutions de ville durable. La part belle est faite aux PME, porteuses de 60 % des solutions proposées, « toutes françaises » souligne Valérie David, directrice du développement durable chez Eiffage et chef de file du projet.

Analyse systémique au service des usagers et du territoire

Jean-Baptiste Reynes, président et co-fondateur de Enodo, PME niçoise ayant réalisé l'interface graphique de l'outil, prend la manette pour entreprendre une visite virtuelle "à la première personne" du Astana de demain. Présentant tour à tour des solutions telles que lignes de tramway, éoliennes urbaines de type « arbre à vent », Renault Zoe version « grand froid », Valérie David nous expose les trois piliers de la démarche : respect du génie du territoire, mise au centre des usagers et des usages, et analyse systémique. C'est ce qui constitue la force et la plus-value d'Astainable : l'outil s'adapte à la ville et à ses spécificités en ne proposant que des solutions compatibles avec l'analyse des besoins. Il est, selon les intervenants, totalement configurable et, de fait, adaptable à d'autres territoires.

Le savoir-faire français reconnu à l'international

Réunis pour l'occasion, Pierre Berger (ndlr : nous avons appris, quelques jours après cet évènement son décès soudain, à l'âge de quarente-sept ans), Gérard Mestrallet et Nicolas Jachiet, respectivement dirigeants de Eiffage, Engie et Egis, se sont félicités des possibilités ouvertes par Astainable, le premier évoquant même un sentiment de « fierté ». Ils ont insisté sur le succès de l'articulation entre PME et grands groupes, qui doit permettre, selon Nicolas Jachiet, de mieux faire connaître des « entreprises françaises exceptionnelles, mais pas assez présentes à l'international ». En visite, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, a apporté la touche finale en saluant la « chutes des frontières disciplinaires », nécessaire afin de répondre au « défi »  que constitue la poussée de l'urbanisation. Il a affiché la volonté du Gouvernement de définir un cadre adapté afin de « réunir l'ensemble des acteurs privés autour d'une table ».

Boris Beltran