Infrastructures : les Zinzins ne craignent plus d'y aller en direct
Que les institutionnels s’intéressent à la classe d’actifs infrastructure, c'est acquis depuis plusieurs années. Ce qui l’est moins en revanche, c’est les voir s’y exposer en direct. Mais la donne devrait changer. En 2015, selon le dernier bilan dressé par Preqin, 56 % des investisseurs interrogés l'envisagent, contre 29 % en 2014 et cette part ne devrait cesser de croître dans les années à venir. Sur les douze derniers mois, les Zinzins ont alloué, dans le monde, plus de 240 milliards de dollars à cette classe d’actifs qu’ils connaissent de mieux en mieux et qui sait tenir ses promesses, générant des revenus long terme et du rendement courant. Nul ne s’étonne d’en voir aujourd’hui certains constituer des équipes et investir sans intermédiaire, notamment en Australie, continent qui a vu naître les fonds d’infrastructures dans les années 1990, et au Canada. Mais l’Europe n’est pas en reste : en 2011, un groupe d’institutionnels a acquis 74,9 % de l’opérateur allemand Amprion, qui détient et opère le plus important réseau de lignes à très haute tension d’Allemagne. Ces opérations ne sont pas encore légion, mais devraient se multiplier à mesure que les institutionnels augmentent leurs allocations sur ce marché.
?Des règles à rappeler
Deux motivations les animent : avoir un meilleur contrôle sur la constitution de leurs portefeuilles d’investissement et réduire leurs frais de gestion. « Est-ce que cela leur coûte moins cher de s’exposer en direct ?, interroge Renaud de Matharel, dirigeant de Cube Infrastructure. Cela reste à démontrer. Investir dans les infrastructures est un métier de services complexe, fait d’hommes et de relations. Sans oublier que les fonds permettent une meilleure diversification des risques », assure-t-il. Pour Vincent Levita, fondateur et P-DG d’InfraVia, s’il est cohérent pour un institutionnel ayant d’importants volumes à allouer aux infrastructures d’investir en direct, certaines règles méritent d’être rappelées. « Il convient d’y mettre les moyens et de constituer une équipe compétente car les infrastructures sont des actifs réels, industriels qui, même s’ils sont régulés ou contractualisés, demandent un important travail, tant opérationnel que financier et contractuel, explique-t-il. Pour les investisseurs ne souhaitant pas investir en direct, c’est à des gérants de fonds comme nous de les convaincre que nous pouvons créer de la valeur sur cette classe d’actifs. »