Face à l’antibiorésistance, Mobidiag équipe les soignants
Ce 18 décembre, la biotech Mobidiag, spécialisée dans le diagnostic moléculaire, a obtenu l'autorisation de lancer sur le marché français et le marquage CE-IVD pour Novodiag, sa nouvelle solution automatisée de tests destinée à la détection de maladies infectieuses. Plus rapide et moins cher que les offres actuelles, ce produit devrait permettre une meilleure identification des agents pathogènes, avec à la clé, une utilisation réduite des antibiotiques et une meilleure prise en charge des patients.
Les antibiotiques, c'est pas ?
Cette solution s’inscrit ainsi dans la lutte face à l’antibiorésistance, un sujet de préoccupation majeur pour l’Organisation mondiale de la santé. Victimes de leurs succès, les antibiotiques ont longtemps été prescrits à trop grande échelle et ont fini par perdre de leur efficacité première. Certaines bactéries devenues mutantes rendent désormais inefficaces leur action et laissent planer le risque de pandémies incurables.
Si les laboratoires pharmaceutiques sont attendus au tournant pour chercher et développer de nouveaux remèdes, les fabricants de dispositifs médicaux ont également leur rôle à jouer. Mobidiag intervient pour sa part à une étape décisive du parcours de soins, celle du diagnostic. Aujourd’hui, la détection des maladies infectieuses requiert plusieurs jours en laboratoire, suivant les méthodes actuelles de culture. Pendant ce laps de temps, des antibiotiques peuvent être administrés à des patients qui seront eux-mêmes placés au contact d’autres malades à prendre en charge. Or, si le patient analysé est porteur de bactérie antibiorésistante, alors il aura le temps de les transmettre à ces camarades de chambrée, dans un milieu où les défenses immunitaires sont plus vulnérables qu’ailleurs.
Un meilleur aiguillage des patients
« Avec des résultats fiables et rapides, notre système totalement automatisé permet d’accompagner la prise de décision rapide avant tout traitement et améliore ainsi la prise en charge du patient, en réduisant par exemple l’utilisation systématique d’antibiotiques », détaille ainsi Tuomas Tenkanen, P-DG de Mobidiag. Quelques heures sont en effet nécessaires pour passer de l’ajout d’un échantillon au rendu automatisé des résultats. Ce gain de temps précieux permet alors de mieux cibler les besoins précis du patient et de sélectionner le traitement le plus adapté. Quitte parfois à tenir la personne écartée d’autres malades pour la laisser détruire par elle-même les bactéries antibiorésistantes.
Président de Mobidiag France, Yann Marcy ajoute : « Il existe entre vingt-cinq et trente gènes antibiorésistants. Notre solution peut, avec un seul échantillon, détecter un large spectre de cibles. Nous pouvons alors éviter que les gènes en question ne rentrent dans les hôpitaux et les EHPAD. »
L’instrument coûte aujourd’hui 40 000 euros, et il faut débourser 40 euros supplémentaires pour chaque test syndromique (visant un grand nombre d’agents pathogènes cibles). Ce prix explique pourquoi de telles machines ne sont pas encore disponibles chez les médecins généralistes. Pour Yann Marcy, la lenteur du processus de remboursement demeure d’ailleurs « un frein important à la diffusion de ces outils novateurs ».
Thomas Bastin (@ThBastin)