Après avoir été assaillis par un flot continu de nouvelles applications mobiles, les usagers de smartphones, loin de se désintéresser du sujet, semblent être à la recherche de plus de simplicité et d’efficacité. Un besoin qui n’a pas échappé aux applications de messageries instantanées comme Messenger, WhatsApp, Viber, ou encore WeChat, qui agrègent désormais de nombreuses fonctionnalités différentes. Une tendance qui pourrait in fine, éliminer toute forme de concurrence directe et indirecte sur le marché des applications mobiles.

70 % des usagers de smartphones en France affirment télécharger une application au moins une fois par mois (étude Forrester Research, mai 2017). C’est trois fois plus qu’en 2010. L’intérêt pour les applications ne connaît pas de ralentissement, bien au contraire. En 2021, le marché des applications mobiles comptera 6,2 milliards d'utilisateurs mobiles et générera 6,3 milliers de milliards de dollars US (prévisions de la société App Annie). Tirée par les App Stores, la publicité intégrée et le commerce mobile, l’app-économie deviendra ainsi la troisième plus grande économie au monde. Consacrées aux voyages, à la santé, au shopping, à l’éducation, aux jeux, les applications sont utilisées en moyenne de 1h30 par jour dans des pays comme la France à bien plus de 3h en Corée du sud.

La maturité

WhatsApp, Messenger, Viber ou encore WeChat. En 2017, 1,82 milliard de personnes dans le monde utiliseraient régulièrement les applications de messagerie instantanée (étude eMarketer). C’est 15,5 % de plus qu’en 2016. Au point que même les géants du e-commerce se penchent sur la question. Amazon serait en train de développer sa propre application de messagerie instantanée, baptisée Anytime. Messages textes, appels vocaux, vidéos, échanges et édition de photos et de films, organisateur de tâches… Le tout sur une seule et même appli. Après avoir été submergés par un tourbillon d’applis spécialisées, les utilisateurs semblent à la recherche d’une solution simple pour les accompagner efficacement au quotidien. En 2016, l’utilisateur disposait d’un catalogue de 1,5 million d’applications. Tout le monde, dans une course boulimique stérile, voulait lancer son appli. Or, d’après la société de recherche Comscore, un utilisateur moyen passe 80 % de son temps à n’utiliser que… trois applications. Le marché des applis a atteint sa phase de maturité. Place à la recomposition.

Le choc des titans

Réserver un taxi, commander son dîner et le faire directement livrer chez soi, payer son restaurant, organiser des réunions à distance, partager des fichiers, régler des factures, discuter avec ses amis … Tout cela depuis une seule application. Vous en rêviez ? Le mastodonte de l’Internet Tencent l’a fait, en créant WeChat en 2011, aujourd’hui utilisée par 494 millions de Chinois (estimations eMarketer), soit plus d’un tiers de la population de l’empire du Milieu. Messagerie instantanée à l’origine, elle agrège désormais de multiples fonctionnalités sur le point d’éliminer toute forme de concurrence directe et indirecte sur le marché chinois des applications mobiles. Ses ambitions d’expansion menacent ses principaux concurrents occidentaux. Facebook, qui possède pourtant quatre des applications les plus téléchargées (Facebook, Messenger, WhatsApp, Instagram) au premier trimestre 2017 selon une étude de Sensor Tower, semble lutter contre un phénomène qui lui échappe déjà malgré différents « ajustements ». En 2014, Mark Zuckerberg faisait de sa fonction messagerie une application à part entière. C’est la naissance de Messenger. Dans la foulée, il acquiert WhatsApp et Instagram, deux des applications les plus populaires sur les plates-formes de téléchargements comme l’Apple Store et l’Android Market. Facebook dépasse la barre des deux milliards d’utilisateurs en juin 2017. Il n’en fallait pas plus à ce dernier pour riposter. En janvier dernier, l’application de messagerie instantanée a lancé ses « mini-programmes », des pages web conçues pour l’ère du smartphone. Plus besoin de passer par le mobile App Store pour télécharger ou installer ses applications. L’objectif pour Tencent est d’enfermer le consommateur, que celui-ci n’ait aucune raison de quitter WeChat. « Avec toutes ces données, WeChat va pouvoir analyser encore plus finement les habitudes des consommateurs chinois », confie Jeongwen Chiang, professeur de marketing à CEIBS, la grande école de commerce de Shanghai, au journal Libération. Facebook n’est pas non plus en reste côté big data. Un véritable choc des titans s’annonce.

 

M. R. 

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