Pour devenir une licorne, réussir sur le marché français ne suffit pas, internationaliser son activité est un impératif. Longtemps attirées par l’Europe, nos start-up tentent désormais leur chance directement aux États-Unis. Un moyen pour elles d’économiser du temps et de l’argent dans leur expansion.

Parmi les principales difficultés évoquées par les chefs d’entreprises pour assurer leur croissance, la taille du marché français, jugé trop petit, arrive en deuxième position, juste derrière les besoins en financement et loin devant la bureaucratie ou les questions de fiscalité. Pour tenter de pallier ce problème, les start-up partent à l’assaut de l’Europe mais se heurtent à son morcellement : au-delà des différences de législation et de taxation, se pose la difficulté de grands écarts culturels. Les attentes du client français n’ont rien à voir avec ceux de son voisin italien ou allemand. Des différences qui impliquent des phases d’apprentissage coûteux en temps et en argent, deux éléments précieux pour le développement d’une licorne.

« Un marché immense et cohérent »

Le problème se révèle d’autant plus épineux dans un contexte de concurrence internationale : les start-up hexagonales doivent affronter des sociétés américaines ou chinoises qui, elles, disposent d’un marché mature et unifié. Pas étonnant donc que notre pays ne compte que trois licornes en 2016 (OVH et Blablacar). Mais le constat n’est pas meilleur au niveau européen. Alors que le Vieux Continent représente 45 % du PIB mondial, il ne concentre que 30 % des licornes. Une contre-performance qui s’explique non pas par l’essor des acteurs asiatiques mais par la suprématie des États-Unis dans ce domaine.

Pour Pierre Chappaz, entrepreneur français à succès à l’origine de Kelkoo, Wikio ou encore Teads, la solution se trouve justement de l’autre côté de l’Atlantique : « Il ne faut pas voir peur de s’implanter directement là-bas, y réussir vous ouvrira des portes pour la suite. Le marché est immense et cohérent. » L’internationalisation sous-tend qu’il ne faut pas hésiter à faire évoluer son offre pour aboutir à un produit ou un service insensibles aux différences culturelles. Une stratégie qui a par exemple été payante pour Criteo. En faisant des États-Unis sa priorité, Jean-Baptiste Rudelle, son fondateur, a réussi à faire de sa société une licorne, cinq ans seulement après sa création en 2005. Cotée au Nasdaq depuis octobre 2013, elle se trouve désormais valorisée à plus de 2,5 milliards de dollars. Et la France ne représente plus que 5 % de son chiffre d’affaires…

Vincent Paes

 

Les cinq plus belles licornes européennes

Selon le rapport réalisé par la banque d’investissement GP Bullhound, l’Europe compte 47 licornes pour une valorisation totale de 131 milliards de dollars. Les cinq premières représentent, à elles seules, 27 % de ce montant.

1- Spotify (Suède) : 8,5 MD$ - Streaming

2- Zalando (Allemagne) : 8,1 – E-commerce

3- Markit Group (Angleterre) : 6,2 MD$ - Services financiers

4- King Digital (Suède) : 5,6 MD$ - Jeux en ligne

5- Right Move (Angleterre) : 5,6 MD$ -Immobilier

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